Le plus énervant dans ce film conceptuel c'est qu'il est bourré de qualités esthétiques. Une bande son mentale fantastico-surréaliste (des pas sans corrélation, des cris d'oiseau étrange, des bourdons synthétiques), un montage image ponctuellement surprenant, parfois multipliant nerveusement les points de vue sur l'élément central d'une scène selon un élan circulaire (ou plus classiquement brillante, comme lors de l'invasion quasi-finale: avion/camions/bateaux), des effets d'éclairage inventifs (passage hors champ d'un train la nuit derrière une porte ajourée, le temps d'un règlement de compte...), une forme narrative chorale du moins au tout début (Julio-le pharmacien / Irene)...Une ambiance constamment abstraite engagée dans un mouvement perpétuel, absurde et insaisissable. La facture très personnelle de la mise en scène entretient un mystère toutefois insuffisant pour éviter l'ennui, un peu à l'image d' Alphaville auquel on peut furtivement songer.