Complétement désabusé suite à l'échec commercial de son blockbuster, Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin et malgré un Prince des Ténèbres renouant habilement avec ses meilleures série B, Big John se lâchait complètement avec ce pamphlet punk et nihiliste, fustigeant à la fois la société américaine inégalitaire et l'industrie hollywoodienne transformant les spectateurs en vulgaires zombies consuméristes. Invasion Los Angeles est certainement l'œuvre la plus personnelle d'un John Carpenter qui met en scène des marginaux en dehors du rêve américain découvrant grâce à un habile subterfuge, des lunettes particulières, l'existence d'un complot d'extra-terrestres gouvernant les États-Unis et réduisant les hommes à l'état d'esclaves bien malgré eux. Si l'anti héros s'appelle John Nada (nada veut dire rien en espagnol), c'est pour une bonne raison, Big John ne supportait plus la société dans laquelle il vivait et il le faisait savoir dans un portrait au vitriol de son pays, sans fioriture à cause d'un budget modeste, le réalisateur posait donc sa caméra à hauteur d'homme et mettait en scène dans un style quasiment documentariste des personnages anonymes, rejetés par le système mais capables de se battre pour l'idée première des USA à savoir la liberté. Amateurs de série B malines et intelligentes, Invasion Los Angeles vous rappellera d'une certaine manière d'autres classiques du genre dystopique comme L'Invasion des profanateurs ou Soleil vert et malgré un aspect cheap dû à un manque de budget caractérisé, il vous fera réfléchir comme jamais sur les nombreux travers de la société capitaliste. Du pur John Carpenter sur la forme et sur le fond.