Le réalisateur de Certains l’aiment chaud retrouve Jack Lemmon et Shirley MacLaine qu’il avait dirigé trois ans auparavant dans La garçonnière. Adapté d’une comédie musicale française créée en 1956, Irma la douce n’est pas le film préféré de Wilder pour qui le fait de tourner dans une langue étrangère nuisait à la crédibilité du film. De plus, le cinéaste, qui n’aimait pas les chansons originales, les a toutes supprimées et a demandé à l’excellent André Prévin de composer un score jazzy où abondent les allusions à la musique populaire française. Ainsi même s’il n’est pas chanté, le film possède toutes les qualités d’un musical avec ses décors parisiens de carte postale somptueusement recréés en studios et ses multiples péripéties burlesques portées par un casting particulièrement bien choisi. Shirley MacLaine est délicieuse face à un Jack Lemmon qui déroule toute la panoplie de ses hilarantes mimiques et les seconds rôles, typés à souhait, sont eux aussi impeccables.
Généralement classé parmi les réussites mineures de Billy Wilder, Irma la douce a pourtant bien vieilli. Il a d’ailleurs fort justement été réhabilité par le critique Noël Simsolo qui y voit un film tout en contrastes, par ailleurs le seul véritablement optimiste du réalisateur austro-américain, où « la mauvais goût se marie paradoxalement à une grande élégance de style magnifiée par la couleur et les décors de Trauner, jouant sur le réalisme poétique d’avant-guerre.»