Film dans le film
Y a toujours un truc dans les films d'Assayas... Une maîtrise bluffante de la caméra, c'est sûr. A voir c'est souvent impressionnant. Même quand tout ressemble à un bordel parfait, improvisé (avec...
le 26 déc. 2016
13 j'aime
1
Irma Vep, c'est l'anagramme de vampire. Irma Vep c'est le personnage de Musidora, qui connaîtra la consécration grâce à ce rôle, dans le feuilleton Les Vampires de Louis Feuillade sorti en 1915. Irma Vep c'est avant tout un fantasme, et pour le réalisateur René Vidal, si ce film était à refaire, ce fantasme sous cette combinaison en latex serait Maggie Cheung.
L'histoire d'Irma Vep, le film, est simple : le cinéaste René Vidal se voit proposer de faire un remake du Feuillade. Si on peut se poser la question de «qu'est-ce qu'un bon remake ?», ce n'est bien entendu pas suffisant d'y voir qu'une réponse, c'est pourquoi Olivier Assayas délivre plutôt un joyeux bordel, ce qui semble être sa vision du cinéma, sa vision du métier.
Des discussions autour du cinéma, des activités hors-tournage, des angoisses aussi : le film parle un peu de tout. Des pensées en éclats qui rythment le film d'une sincérité qui rend cette fiction presque réelle. À l'aspect presque documentaire, leur remake est la fiction des protagonistes et du spectateur, mais la fiction d'Assayas, la réalité des protagonistes donc, devient également la notre. Tout se mêle pour mieux se lier, sans pour autant se confondre, et c'est passionnant.
Comment retranscrire une œuvre qu'on considère parfaite ? Faut-il la bouleverser, ou y être le plus fidèle possible ? Recréer la perfection en répétant la forme est une idée, que Vidal va effectuer, mais cela n'enchaînera que perte de pertinence et le niveau zéro de l'authenticité car «faire des images à partir d'autres images, ça ne vaut rien». De cette réalité une profonde mélancolie va imbiber la pellicule, les questions foisonnent et n'ont pas forcément de réponse, telle est la magie du cinéma.
Les questions sont partout : Quel chemin prendre ? Quel ton adapter ? Faut-il prendre des libertés ou s'accrocher au matériau de base ? Le respecter ou s'en détacher ? Et puis… que faire de son équipe, de ses acteurs dans ces moments là ? Des problèmes de jeu et de direction, il y en a, c'est pourquoi il montre ce que découle du vampirisme du personnage sur l'actrice, pour une des scènes les plus intéressantes, avec ces idées de mise en scène (inspirées de Les Vampires) et ce qui en découle.
Dans la scène où Maggie Cheung reste avec sa tenue de film, nous avons là une actrice qui se prend littéralement au jeu du personnage, mais sans la moindre caméra, sans être bridée. C'est donc elle qui devient son personnage, c'est elle qui le contrôle avec ses propres envies, elle est l'outil des fantasmes des autres, son jeu est paradoxalement naturel donc.
Comme un vampire, Irma Vep suce un peu partout ce qu'il y a en chair fraîche, où il y a du bon sang, pour non pas se cantonner à ce qu'il ingurgite mais plutôt proposer un cocktail sanguin hypnotique qui se révèle être une œuvre de liberté passionnante.
Et si on peut discuter de la pertinence des propositions de bribes d'Olivier Assayas, il faut bien avouer que chaque morceau s'apparente comme une parcelle non pas de vérité, mais d'une vérité, jusqu'à un final qui résonne comme un cri de liberté du septième art, qui peut s'interpréter comme un moyen de dire «Vaux mieux faire un film personnel et nombriliste jusqu'à «l'abîmer» quitte à déplaire à ce fichu grand public, plutôt que de faire une merde de commande non-assumée».
Créée
le 22 déc. 2016
Critique lue 648 fois
9 j'aime
D'autres avis sur Irma Vep
Y a toujours un truc dans les films d'Assayas... Une maîtrise bluffante de la caméra, c'est sûr. A voir c'est souvent impressionnant. Même quand tout ressemble à un bordel parfait, improvisé (avec...
le 26 déc. 2016
13 j'aime
1
Irma Vep, c'est l'anagramme de vampire. Irma Vep c'est le personnage de Musidora, qui connaîtra la consécration grâce à ce rôle, dans le feuilleton Les Vampires de Louis Feuillade sorti en 1915. ...
le 22 déc. 2016
9 j'aime
Aaaaah, le charme fou des films d'auteur français des années 90, quand ça fumait à chaque plan (dans les cafés, sur les plateaux de tournage, en servant du vin lors de repas organisés dans des...
Par
le 7 janv. 2016
7 j'aime
Du même critique
Moi, je m'en tamponne la clarinette de Mozart. D'autant plus qu'il ne s'agit même pas d'un vrai biopic sur le compositeur, mais simplement d'une adaptation éponyme d'une pièce de théâtre signée Peter...
le 22 oct. 2014
118 j'aime
36
"- Ce soir je vais à la projection de Mommy" - Ah tu vas voir La Momie ! - Non Mommy. - Bah le truc égyptien ? - Non, le dernier film de Dolan. - Ahh celui qu'à fait les Batman ?! - Euh... Non lui,...
le 30 sept. 2014
111 j'aime
38
Remarquée en 2013 dans l'émission beauf la plus tendance du moment, The Voice, la plus belle voix, où elle atteint la demi-finale, Louane obtient une plus grande notoriété en 2014 grâce à son premier...
le 1 juil. 2015
101 j'aime
40