J'ai deux grandes passions dans la vie : le cinéma et le catch. Alors dès qu'un film sur le sujet sort en salles, c'est un micro-événement pour moi. En ce qui concerne The Iron Claw, j'ai tout de suite été excité : je connaissais bien évidemment leur histoire, le casting était très alléchant, et la bande annonce et les quelques retours venus des US n'ont fait que monter ma hype et c'est très vite devenu une de mes plus grosses attentes de l'année. Et le voilà.
Je connaissais l'issue tragique de cette famille, et pourtant rien ne pouvait me préparer à cette fin. Rien ne pouvait me préparer aux 20 dernières de ce film, rien ne pouvait me préparer à toutes ces larmes qui coulent sur ma joue. Je commence par la fin, mais vous verrez vous aussi que c'est ce que vous allez retenir de ce film.
Ce visage d'un Zac Efron détruit et à la fois émerveillé de voir ses enfants jouer dehors, lui rappelant ses frères. Cette phrase "I used to be a brother, and im not a brother anymore", vous n'oublierez pas cette fin.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup beaucoup beaucoup aimé The Iron Claw. Pourtant le film ne révolutionne pas le genre du biopic sportif ou même du film de catch. Dans sa mise en scène, le film s'inscrit totalement dans une forme classique, ce qui ne l'empêche pas d'avoir une superbe photographie très 70's et de superbes scènes sur le ring, au plus près des coups et de la sueurs de nos personnages. Le film offrira aussi au spectateur l'opportunité d'entrer dans les coulisses et le quotidien de catcheurs, plongé dans un business très concurrentiel. "There's nothing fake about what we do" dit Kevin, et c'est peut-être la phrase que je retiendrais le plus. Parce que même si les matchs sont scénarisés et les gagnants décidés à l'avance, le catch reste un sport, où on te pousse à la performance et où ton corps est mis à rude épreuve. Les défaites font mal, les coups font mal, tout fait mal. Je pense forcément à cette magnifique scène dans laquelle on voit succinctement les 3 visages des frères après un match, tous assis dans le vestiaire et tous brisé, leurs visages se fondent dans le décor avant de faire place au père.
Le père, la malédiction de cette famille. Celui qui n'a pas réalisé son rêve et qui va pousser ses fils à y arriver. Sean Durkin interroge ici le rêve américain et plus précisément les conséquences de vouloir vivre le rêve de quelqu'un d'autre, vivre un rêve qui n'est pas le sien. Comment ne pas penser à Mike et son rêve de musique, contraint de vivre une vie dont il n'a pas voulu et qui va finir par le détruire.
The Iron Claw est plus qu'un film sur le catch, et plus qu'un biopic. C'est un film sur une fratrie et sur la masculinité toxique. Comme l'ont dit plusieurs critiques américaines, c'est une sorte de Virgin Suicides pour les garçons. Et à mon sens, rarement cette masculinité toxique n'aura jamais été aussi bien montrée au cinéma. Et me revoilà obligé de repenser à cette fin, à Zac Effron, injustement boudé aux compétitions alors qu'il aurait (selon moi) totalement mérité de remporter l'Oscar du meilleur acteur. Oui oui, au-delà de la transformation physique, ce qu'il arrive à transmettre dans les silences de part son attitude et son regard, c'est une très très grande performance. Alors je repense à lui, à ces frères, à ces personnages, mais surtout à ces personnes réelles, qui ont vraiment vécu cette tragédie. The Iron Claw est une tragédie, leur histoire est une tragédie. Ce sont des catcheurs, et rien n'est fake.