Iron Claw
7.1
Iron Claw

Film de Sean Durkin (2023)

Il n'aura pas fallu attendre trois semaines en 2024 pour que fleurissent déjà sur les affiches de cinéma les dithyrambes outrées telles que « classique instantané », ou dans les magazines des enthousiasmes portant le lyrisme du genre « porté par une mise en scène habitée et une interprétation géniale ».


Cela aurait dû rappeler au masqué sa déception face à Everything Everywhere all at Once, d'autant plus que ce Iron Claw se prévaut de son patronage A24 avec force tambours et trompettes.


Tout ça pour dire qu'il faudrait quand même un peu redescendre sur terre.


Oui, le masqué est en colère, car il n'a plus été pris en otage de la sorte depuis son rattrapage de Dancer in the Dark.


Une telle sortie devrait vous mettre sur la voie de ce qui va suivre.


Car si Iron Claw avait été un simple film de fiction, la critique qui le porte aujourd'hui aux nues aurait sans doute pouffé de rire, ou aurait invité le scénariste de l'engin à prendre des cours d'écriture de cinéma avant de l'inviter à rôtir en enfer devant la constante accumulation des tragédies mise en image.


Sauf qu'en plus du label A24, Iron Claw bénéficie de celui « tiré d'une histoire vraie ». Donc, tout semble permis.


Comme, par exemple, ce titre et cette scène inaugurale où papa Von Erich soumet avec sa prise fétiche son adversaire du soir pour mieux l'humilier ensuite... Oui, même un aveugle comprendra devant Iron Claw que papa deviendra vilain et toxique avec ses enfants et qu'il reportera sur eux ses rêves de gloire dont il a été privé...


Et au cas où on n'aurait pas compris qu'il s'agissait de fraternité, faute d'un autre point d'ancrage, la deuxième scène voyant Zac Efron en slip dans la chambre de sa mère s'en chargera.


Tiens, parlons-en de Zac, dont la performance est depuis longtemps survendue sur sa seule transformation physique. Hé bien, on a l'impression, dès sa première apparition, qu'il évolue dans une autre discipline sportive que le catch, surtout quand il partage l'écran avec ses frères, qui sont par ailleurs tous plus justes les uns que les autres. Zac, lui, est en retrait. Un peu obligé, vu ce qu'il a à jouer, ce qui le fera balancer entre deux expressions : les chaudes larmes et le stoïcisme intérieur rentré dans son intériorité dévorante.


Et si la toxicité de pater familias pouvait représenter un bon axe pour faire évoluer l'oeuvre, Iron Claw met inexplicablement de côté la plupart de ces comportements déviants et/ou outranciers. Tout cela pour vite sombrer, après une plutôt pas mal première demi-heure, dans une litanie morne de malheurs, histoire de bien faire rentrer dans la têtes des quelques esprits faibles qu'il s'agit aux yeux des protagonistes d'une véritable malédiction.


Une succession funeste qui anesthésie littéralement le spectateur, tellement Sean Durkin s'avère incapable de susciter une quelconque émotion. D'autant que le malheur est souvent annoncé bien en amont, histoire sans doute de laisser le temps de préparer son mouchoir.


Cela vaudrait peut être mieux qu'il en reste là, au regard des maladresses qui ponctuent la séance, plusieurs scènes sensées être émouvantes flirtant avec le ridicule, à l'image de cette réunion de la fratrie toute épaisse d'un pathos que l'on croyait à tort à jamais révolu sur grand écran.


Ainsi, Iron Claw, loin de la célébration de la résilience ou tout simplement de ses personnages à la destinée hors du commun, montre son véritable visage : celui d'une énième ostentatoire brouette à statuettes lacrymale devant signer l'entrée de Zac Efron dans la cour des grands.


Le masqué, lui, devant cette obligation solennelle de verser sa petite larme et une telle performance en demi teinte, est resté dans les cordes. Devenir champion de catch dans ces conditions n'a en effet rien de très glorieux.


Behind_the_Mask, catch me if you can.

Behind_the_Mask
4
Écrit par

Créée

le 25 janv. 2024

Critique lue 1.2K fois

17 j'aime

16 commentaires

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

17
16

D'autres avis sur Iron Claw

Iron Claw
Plume231
4

Kevin et ses frères !

Tout d'abord, je dois avouer que je n'y connais absolument rien au catch, que je n'avais jamais entendu parler auparavant de la famille Von Erich (oui, c'est un biopic !). C'est pour cela que lors du...

le 24 janv. 2024

25 j'aime

4

Iron Claw
lhomme-grenouille
8

American Waste of Life

Celles et ceux qui me lisent le savent : je ne suis pas un grand adepte des « biopics ».Pas que le genre me pose un souci en soi (quoi que…), disons plutôt que c’est ce vers quoi ce genre aboutit...

le 3 févr. 2024

19 j'aime

3

Iron Claw
Cinephile-doux
7

Catch à quatre

Ce qui frappe dans Iron Claw, hormis les scènes sur le ring, nombreuses mais dynamiques et donc peu susceptibles de lasser les non-adeptes du catch, c'est la manière dont le récit se construit...

le 24 janv. 2024

18 j'aime

12

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

205 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

193 j'aime

39

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

186 j'aime

25