Il n'aura pas fallu attendre trois semaines en 2024 pour que fleurissent déjà sur les affiches de cinéma les dithyrambes outrées telles que « classique instantané », ou dans les magazines des enthousiasmes portant le lyrisme du genre « porté par une mise en scène habitée et une interprétation géniale ».
Cela aurait dû rappeler au masqué sa déception face à Everything Everywhere all at Once, d'autant plus que ce Iron Claw se prévaut de son patronage A24 avec force tambours et trompettes.
Tout ça pour dire qu'il faudrait quand même un peu redescendre sur terre.
Oui, le masqué est en colère, car il n'a plus été pris en otage de la sorte depuis son rattrapage de Dancer in the Dark.
Une telle sortie devrait vous mettre sur la voie de ce qui va suivre.
Car si Iron Claw avait été un simple film de fiction, la critique qui le porte aujourd'hui aux nues aurait sans doute pouffé de rire, ou aurait invité le scénariste de l'engin à prendre des cours d'écriture de cinéma avant de l'inviter à rôtir en enfer devant la constante accumulation des tragédies mise en image.
Sauf qu'en plus du label A24, Iron Claw bénéficie de celui « tiré d'une histoire vraie ». Donc, tout semble permis.
Comme, par exemple, ce titre et cette scène inaugurale où papa Von Erich soumet avec sa prise fétiche son adversaire du soir pour mieux l'humilier ensuite... Oui, même un aveugle comprendra devant Iron Claw que papa deviendra vilain et toxique avec ses enfants et qu'il reportera sur eux ses rêves de gloire dont il a été privé...
Et au cas où on n'aurait pas compris qu'il s'agissait de fraternité, faute d'un autre point d'ancrage, la deuxième scène voyant Zac Efron en slip dans la chambre de sa mère s'en chargera.
Tiens, parlons-en de Zac, dont la performance est depuis longtemps survendue sur sa seule transformation physique. Hé bien, on a l'impression, dès sa première apparition, qu'il évolue dans une autre discipline sportive que le catch, surtout quand il partage l'écran avec ses frères, qui sont par ailleurs tous plus justes les uns que les autres. Zac, lui, est en retrait. Un peu obligé, vu ce qu'il a à jouer, ce qui le fera balancer entre deux expressions : les chaudes larmes et le stoïcisme intérieur rentré dans son intériorité dévorante.
Et si la toxicité de pater familias pouvait représenter un bon axe pour faire évoluer l'oeuvre, Iron Claw met inexplicablement de côté la plupart de ces comportements déviants et/ou outranciers. Tout cela pour vite sombrer, après une plutôt pas mal première demi-heure, dans une litanie morne de malheurs, histoire de bien faire rentrer dans la têtes des quelques esprits faibles qu'il s'agit aux yeux des protagonistes d'une véritable malédiction.
Une succession funeste qui anesthésie littéralement le spectateur, tellement Sean Durkin s'avère incapable de susciter une quelconque émotion. D'autant que le malheur est souvent annoncé bien en amont, histoire sans doute de laisser le temps de préparer son mouchoir.
Cela vaudrait peut être mieux qu'il en reste là, au regard des maladresses qui ponctuent la séance, plusieurs scènes sensées être émouvantes flirtant avec le ridicule, à l'image de cette réunion de la fratrie toute épaisse d'un pathos que l'on croyait à tort à jamais révolu sur grand écran.
Ainsi, Iron Claw, loin de la célébration de la résilience ou tout simplement de ses personnages à la destinée hors du commun, montre son véritable visage : celui d'une énième ostentatoire brouette à statuettes lacrymale devant signer l'entrée de Zac Efron dans la cour des grands.
Le masqué, lui, devant cette obligation solennelle de verser sa petite larme et une telle performance en demi teinte, est resté dans les cordes. Devenir champion de catch dans ces conditions n'a en effet rien de très glorieux.
Behind_the_Mask, catch me if you can.