Je m'attendais à tout sauf à ça et le "ça" en question était un très très bon moment de cinéma !
Je m'attendais à du catch de partout, à de la sueur, à de la gonflette, à des slips et à des grosses ceintures de champions pendant plus de 2 heures et résultat...
Oui, bon, il y a de tout ça, mais juste ce qu'il faut pour se plonger dans l'univers raconté et quand on y t, on découvre qu'il y a bien plus encore ! Tellement plus derrière ce que donnent à voir Kevin, Kerry, Mike, David et leur bourreau de père.
Ce n'est pas qu'un film sur le catch, pas qu'un film sur le sport, non, non, non.
"Iron Claw" est une master class sur la fraternité, la masculinité, la recherche d'approbation constante, la frustration d'un rêve qui nous échappe, la frustration de voir les autres réussir là où aucune chance ne nous a été donnée, le fatalisme, la frustration l'éducation, la toxicité le dépassement de soi pour les mauvaises raisons, la violence aussi.
"Iron Claw" raconte ce qu'on est, ce qu'on croit être, ce qu'on décide de devenir et pourquoi.
La malédiction qui nous est dépeinte tout au long du film est une épée de Damoclès qui tend à pousser chaque personnage à se poser les bonnes questions, à trouver sa voie et à oser dévier de la trajectoire qui semble être la meilleure pour chacun d'entre eux.
Cette malédiction, c'est la réalité qui les rattrape invariablement et qui leur dit de ne pas oublier qu'ils doivent vivre, véritablement vivre, et ouvrir les yeux avant qu'il ne soit trop tard.
Sean Durkin, le réalisateur réussit un vrai tour de force en nous faisant oublier tout ce qui a trait au catch : les physiques impressionnants, les lumières, les entraînements incessants, les compétitions, les coupes mulet pour nous placer face à quatre grands enfants étouffés dans des carrures trop larges pour eux et écrasés par une figure paternelle absolument implacable.
"Iron Claw" est touchant de justesse, d'humanité vive et de sincérité.
C'est un film très humain qui serre le cœur très fort dès lors qu'on prend le temps de fouiller et de voir au-delà des apparences.
Si vous vous demandez ce que c'est qu'être un homme, un vrai, vous aurez la réponse à travers ce film qui pose de vraies questions et nous fait faire plusieurs pas de côté pour y répondre, chacun à son propre rythme.
Qu'est-ce qu'un homme, donc ?
Est-on jamais condamné à quoi que ce soit ?
A quel moment est-on vraiment accompli ?
Faut-il suivre un chemin tracé parce qu'on en a les capacités ?
Qu'est-ce qu'être parent ?
A-t-on véritablement le droit de penser à soi ?
Est-il jamais trop tard pour s'arrêter ?
Que signifie "être fort" ?
Est-on faible si on refuse de ? Si on s'écoute ? Si on a peur ? Si on appelle à l'aide ?
Que faire de ses failles dans un monde régit par la performance et la représentation ?
Les enseignements ne manquent pas dans ce film aucunement moralisateur et ça fait un bien fou !
Bravo d'avoir réussi à raconter ces destins brisés, directement ou par ricochet.
Bravo d'avoir dit autant de choses à travers ce spectre.
Bravo de nous avoir fait un peu grandir.