Inspirée par l'histoire vraie de la famille de catcheurs américains Von Erick, cette épopée familiale déroule sa tragédie sur plusieurs décennies à l'image d'un mythe grec de quatre frères héros. Demi-dieux voués à un destin exceptionnel mais n'aspirant au fond qu'à rester humains, colosses antiques aux pieds d'argile portant sur leurs épaules sculptées le poids d'une ambition paternelle démesurée, un hybris gravé dans le métal doré des médailles et des trophées, une malédiction poursuivant les personnages à travers les générations.
Quatre frères brisés par la tenaille de l'"Iron Claw" paternel, au sens propre comme au sens métaphorique, et auxquels on s'attache profondément (notamment grâce à la prestation impeccable des comédiens, à commencer par Zac Efron dans le rôle principal), ce qui rend leur chute encore plus cruelle - aussi magnifiquement filmée soit-elle. Car la photographie du film est absolument superbe, rendant hommage aux techniques de captation des années 1980 en en reprenant le grain, la colorimétrie, mais aussi les styles de cadrage utilisés pour la télévision. La bande-son ajoute encore à cet hommage et à l'immersion dans cette époque.
"Iron Claw" est un brillant "rise and fall" d'une famille d'abord si vivante et soudée, peu à peu précipitée vers des abimes de douleur physique, de déchirements et de désespoir jusqu'à ne plus devenir que l'ombre d'elle-même : non plus une tribu de héros conquérants, prêts à gravir les sommets et à franchir tous les obstacles pour voler vers la victoire, mais une maison peuplée de fantômes et d'une poignée de survivants meurtris dans leurs corps, leurs esprits et leurs cœurs.