Le film raconte l'histoire vraie de la famille Von Erich, qui pratique le catch du père jusqu'à ses cinq (au lieu de six dans la réalité) fils, mais il y a comme une étrange malédiction qui s'abat sur eux car quatre de ces enfants ou adultes vont mourir très jeunes, et souvent de manière accidentelle comme si une fatalité pesait sur eux. L'histoire est racontée du point de vue de Kevin Von Erich, le seul survivant de cette fratrie unique mais déchirée par le destin.
Sorti de manière confidentielle en France, sans doute à cause du catch, je dirais que le sport est en arrière-plan car ça raconte au fond comment cette famille unique, menée de main de maitre par le père joué par l'excellent Holt McCallany, dédiée à l'amour du ring dans le but d'en faire des bêtes de scène. Mais la vie est une garce, comme dirait l'autre, et c'est effaré que je voyais le film dérouler ce funeste destin, alors que tous n'étaient pas bien vieux, à peine sortis de l'adolescence. C'est l'occasion de saluer non seulement Zac Efron, jouant Kevin Von Erich, qui est formidable, s'étant sculpté un corps d'acier, mais aussi une révélation en la personne de Jeremy Allen White, incarnant Kerry Von Erich, et dont la tragédie a quelque chose de bouleversant. Je découvre en plus un redoutable voleur de scènes. Quant aux scènes de catch, ce n'est pas ce qui intéresse le plus le réalisateur ; seul le ring est filmé, donnant l'impression qu'il n'y a aucun spectateur, mais les douleurs sont bien là. Notons aussi la présence de Lily James dans le rôle de l'épouse de Kevin, qui est loin de faire de la figuration, et qui va même prendre les choses en main, de manière littérale, lors de leur premier rencard.
Il y a quelque chose de déchirant dans cette histoire, mais en même temps cela donne une scène magnifique, celle où Kevin va serrer dans ses bras ses deux fils en leur disant qu'ils ont de la chance d'être frères l'un pour l'autre car si la malédiction semble étrangement se briser, il restera seul au sein d'une fratrie prometteuse.
Décidément, après Martha Marcy May Marlene et The Nest, Sean Durkin confirme qu'il est bien une révélation des années 2010, en espérant qu'il réalise des films un peu plus rapidement.