- Est-ce qu’à l’heure actuelle vous possédez une arme hautement spéciale ?
- Du tout.
- Du tout ?
- Non, Sénateur. Mais tout dépend de ce que vous entendez par arme.
- L’armure Iron Man.
- Mon appareil ne correspond pas à cette description.
- Bon, alors comment décririez vous votre appareil ?
- Je le décrirais par une définition de ce qu’il est, Sénateur.
- C’est-à-dire ?
- C’est une, heu… c’est une prothèse très perfectionnée. C’est en fait la description la plus appropriée que je puisse en faire.
Ce qui est et demeurera à jamais ma plus belle création… c’est toi... Mais pas ce film...
Après avoir réalisé "Iron Man", première production de la phase une du MCU (Marvel Cinematic Universe), le réalisateur Jon Favreau, revient avec « Iron Man 2 ». Troisième film pour l'univers cinématographique Marvel et déjà un basculement dans l'ordre chronologique puisqu'il se passe peu avant les évènements observés dans "L'Incroyable Hulk" réalisé par Louis Leterrier. Passer derrière le premier long-métrage n'est pas chose aisée, ayant pour lui le triomphe de poser les bases d'une franchise cinématographique gigantesque, et de mettre en lumière un personnage de comics à l'époque peu connu du grand public, crée par Stan Lee et Jack Kirby, qui instantanément va devenir culte. Un succès sur lequel le studio va tenter de capitaliser en confiant une nouvelle fois la direction à Favreau, qui va se retrouver beaucoup plus libre de mouvement, ayant le champ libre pour réitérer sur cette réussite. Une liberté créative qu'il va symboliser à travers une œuvre bien trop sage, qui aussi bien dans le fond que la forme, souffre d'un manque de génie. Une entreprise bancale qui laisse le spectateur sur un sentiment de frustration car les bonnes idées sont là, seulement, rien n'est jamais pleinement exploité. Dès qu'un élément positif survient, il est irrémédiablement précédé par un élément négatif. Une originalité qui se termine à chaque fois sur de la banalité. Un manque de concrétisation très étrange, qui laisse comme impression l'existence de deux Jon Favreau différents. Un cinéaste utopiste confronté à un cinéaste beaucoup plus terre-à-terre. Découle une chimère peu engageante laissant tout du long sur un sentiment mitigé.
Sur un scénario de Justin Theroux, l'histoire débute au moment où Tony Stark (Robert Downey Jr.) révèle au monde entier qu'il est Iron Man, suscitant à des milliers de kilomètres de là, à Moscou, des vieilles rancoeurs. Une amertume haineuse symbolisée par Ivan Vanko (Mickey Rourke), fils de Anton Vanko (Evguéni Lazarev), ancien collègue d'Howard Stark (John Slattery) qui sur son lit de mort l'accuse de vol et de tromperie. Une dernière parole qui va alimenter la haine d'Ivan qui réclame une justice sans foi ni loi. Une histoire de vengeance dans sa plus simple conception. Basculement et nous voici projetés six mois plus tard, où un véritable bras de fer se joue entre Tony Stark et le gouvernement, qui à défaut de pouvoir reproduire la technologie d'Iron Man, malgré l'aide des industries Hammer dirigées par Justin Hammer (Sam Rockwell), veut en prendre l'"également" possession. Une tentative contre laquelle s'oppose Tony, en tant que gardien de la paix mondiale. Une posture scénaristique très intelligente offrant une dualité finalement très logique avec l'emprise de l'armement d'un pouvoir politique belligérant. Cela offre également une vue d'ensemble autour des coups bas orchestrés par la concurrence (alimenté par le gouvernement lui-même) pour s'accaparer le marché de la vente d'armes.
Une prise de position qui ne facilite pas les affaires du lieutenant-colonel James Rhodes (Don Cheadle) qui se retrouve au milieu de ce conflit partagé entre son amitié pour Tony, et ses obligations militaires. S'ajoute à cela, le fait que Tony se meurt à cause de son générateur au palladium, qui empêche les éclats d'obus d'atteindre son cœur, mais qui en contrepartie, à cause de la toxicité du composant, empoisonne son sang. Il organise dans l'ombre la succession de Stark Industries dont il confie la direction à Pepper Potts (Gwyneth Paltrow). S'ajoute encore Nick Fury (Samuel L. Jackson), qui de manière indirecte teste Tony pour le projet "Avenger". Beaucoup de sous intrigues qu'il faut mélanger et imbriquer les unes dans les autres pour obtenir un récit finalement très aléatoire. Une macédoine mal branlée dans laquelle on se perd entre un humour sarcastique très présent. Un drame dépressif traumatique centré sur le pardon. Une critique politique symbolisée par une dénonciation du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis, associé à une vengeance caricaturale. Puis, en dernière position, au fond, tout au fond, « l'action ».
J’ai réussi à privatiser la paix mondiale !
Rarement il m'a été donné de voir un film aussi mal fichu dans la direction rythmique. Ce film est ennuyeux. C'est lent, terriblement lent. Beaucoup de bla, bla, bla, encore du bla, bla, bla, pour finalement du bla, bla, bla. Des conversations qui pour beaucoup ne servent même pas le propos initial si bien qu'on tombe dans une gratuité inutile en concentrant des dialogues sur des éléments futiles au lieu de les consacrer sur des éléments plus essentiels. Avec Iron Man 2, il ne faut surtout pas espérer voir un film à grand spectacle avec beaucoup d'action. L'action se fait rare. Le problème, c'est que lorsqu'elle entre en scène elle ne tente à aucun moment de venir compenser ce manque par un apport généreux en adrénaline, ou en séquences marquantes. Les actions sont pour certaines à peine intéressantes, et lorsqu'elles trouvent un semblant d'intérêt et de piquant, elles s'achèvent aussitôt. Aucune scène d'introduction haletante à se mettre sous la dent. Il faut attendre plus d'une heure pour enfin avoir droit à une confrontation. Un combat entre Tony et Ivan, situé lors du Grand Prix de Formule 1 à Monaco, où va éclater un duel divertissant mais ô combien trop rapide. À partir de là, on se dit que c'est bon, ça a mis un peu de temps à démarrer mais on y est enfin, ça va éclater... et en fait non. Il faudra attendre encore un long moment pour voir un affrontement (qui n'est même pas pris au sérieux) entre Iron Man et War Machine. Le film arrive à sa fin, on espère encore une bataille épique, surtout lorsqu'on voit les forces opposées à Iron Man, et... on l'a. Enfin ! Je n'y croyais plus ! Une bataille engagée où sa tire et explose de partout au cours d'une course-poursuite mouvementée. Voilà que Iron Man et War Machine font équipe contre tous les drones et surtout contre la version Iron Man d'Ivan. C'est trop bien ! Yeah ! Le temps de bien m'installer dans mon fauteuil et... Quoi, c'est déjà fini ?! Le combat est déjà terminé. Anti-épique de bout en bout ! Une grosse carotte !
La réalisation de Jon Favreau manque de folie et de grandeur à l'image de la photographie de Matthew Libatique qui galère à rendre un seul plan emblématique malgré la beauté de certains d'entre eux. Favreau se contente d'un service minimum qui n'est à aucun moment mauvais mais à aucun moment génial. Heureusement, la qualité des effets spéciaux rattrape un peu le tout. Les décors de J. Michael Riva sont anodins, seule la zone de combat finale représenté par une arène verdoyante m'a un minimum aguiché le regard. Les costumes de Mary Zophres sont dans l'ensemble convaincant notamment autour du design des nouvelles armures. L'armure de l'antagoniste manque de personnalité, heureusement qu'il a pour lui ses fouets pour se démarquer un minimum. Il est à noter un clin d'œil bienvenu aux comics, avec l'armure d'Iron Man qui se retrouve à l'état de mallette d'assemblage transportable. Enfin, la composition musicale de John Debney sans être mauvaise est anecdotique. Aucun titre ne reste en tête à la fin. Elle peut au moins compter sur une compilation du groupe de hard rock AC/DC, pour rendre le tout un minimum attractif.
Le casting est dans l'ensemble plutôt bon. Robert Downey Jr. est toujours génial sous les traits de Tony Stark alias Iron Man. Le comédien incarne très bien ce héros atypique pour lui attribuer une interprétation unique faisant qu'un avec le personnage. Juste faire attention à ce que le protagoniste ne termine pas en caricature de lui-même par un humour trop idiot et bon enfant qui doit être avant tout d'ordre sarcastique. Mickey Rourke pour Ivan Vanko alias "Whiplash" est survolé et beaucoup trop anecdotique. Le comédien est bon, mais l'écriture de son personnage est catastrophique. Un vilain très anodin qui ne cesse de dire à Tony tout en rigolant « Tu as perdu », alors que c'est pourtant lui qui mord la poussière. La véritable surprise provient du génial Sam Rockwell, qui en tant que Justin Hammer m'a beaucoup amusé. Le comédien est à fond en tant que concurrent numéro un de la vente d'armes. Arrive pour la première fois l'agent du SHIELD : Natasha Romanoff alias Black Widow. Sous les traits de l'espionne la comédienne Scarlett Johansson est renversante ! Sexy à en perdre la vue, et déjà redoutable. Le reste de la distribution fait le taf à commencer par Gwyneth Paltrow pour Pepper Potts, qui est un personnage que j'apprécie. Samuel L. Jackson pour Nick Fury, à la classe et entretien un bon mystère autour de lui. Clark Gregg pour l'agent du SHIELD Phil Coulson, entretient son capital sympathie autour du public. Jon Favreau en tant que Happy Hogan m'a beaucoup fait rire. Enfin, Don Cheadle pour James Rhodes alias War Machine fait le boulot. Il est regrettable que le comédien de base pour ce personnage, initialement incarné par Terrence Howard, a due contraint et forcé laisser sa place alors qu’il avait un accord pour trois films, mais que le studio a rompu lorsque Downey Jr. a voulu plus d’argent pour poursuivre l'aventure.
CONCLUSION :
Iron Man 2 en tant que troisième film de la phase une de l'univers cinématographique "MCU" réalisé par Jon Favreau, est un film très décevant en comparaison de ce que l'on pouvait espérer de lui par rapport au premier opus. Un film terriblement lent qui se perd dans un récit surchargé en intrigues secondaires au point de sacrifier la part fantastique et entraînante du long-métrage. Un périple qui enchaîne les bons moments et les mauvais moments au point de rendre chaque tentative caduque. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'un spectacle horrible car j'ai rigolé à plusieurs reprises et je me suis laissé embarquer par quelques moments, mais ça reste très limite.
Pas nul, mais chiant !
- Ma priorité est que Iron Man soit remit au plus vite au peuple des États-Unis d’Amérique.
- Et bien vous pouvez oublier ça. Je suis Iron Man. Il ne fait qu’un avec moi. Vous le remettre reviendrait à me remettre moi même, ce qui correspondrait à l’asservissement par contrat ou à la prostitution selon l’état où vous vous trouvez. Vous ne m’aurez pas.
- Écoutez je ne suis pas un expert…
- … En prostitution ? Bien sur que non vous êtes sénateur, franchement !
Ma critique du film en duo sur la chaîne YouTube de Venom-31 : https://www.youtube.com/watch?v=_Of3hZwxFJY&t=6s