Un homme célèbre a dit un jour « nous créons nos propres démons ». Qui a dit ça ? Ça veut dire quoi ? Peut importe. Je le dis parce qu’il l’a dit, voilà tout. Et comme il était célèbre, ça fait deux types connus qui disent la même chose.
Quand l'armure se fissure à travers les ironies d'une ironie maladroite
Après le triomphe retentissant des Avengers, marquant ainsi la conclusion épique de la première phase du MCU, voici le septième opus marquant le début de la phase deux de l'univers cinématographique Marvel. Et quoi de plus approprié pour amorcer ce nouveau chapitre que de revenir à l'origine de tout avec notre cher Tony Stark dans Iron Man 3 ? Pour le troisième volet des aventures d'Iron Man, Jon Favreau, le réalisateur des deux premiers opus, cède sa place derrière la caméra à Shane Black, un changement bienvenu après la déception qu'a représentée Iron Man 2. Au départ, je dois avouer que ma première expérience avec ce film au cinéma m'avait laissé un goût amer, voire m'avait provoqué une certaine aversion en raison de la façon dont le méchant principal avait été traité. Toutefois, avec du recul et grâce à quelques ajustements judicieux de la part du MCU, j'ai pu revoir ce film sans préjugés et l'apprécier pour ce qu'il est : un solide film d'action, certes avec ses imperfections, mais tout de même un film avec de la qualité.
Dans ce troisième volet, porté par un scénario signé Shane Black et Drew Pearce, nous retrouvons Tony Stark (Robert Downey Jr.) après la bataille contre les Chitauris, qui lui a laissé des séquelles psychologiques importantes. Ces séquelles, qu'il dissimule à sa compagne Pepper Potts, incarnée par une Gwyneth Paltrow sur vitaminée, entraînent des tensions au sein de leur couple. Parallèlement, Tony se retrouve confronté à un complot terroriste d'envergure, orchestré par une mystérieuse et terrifiante figure : le Mandarin. Cette confrontation le pousse dans ses retranchements et le confronte à la perte de ses proches, jusqu'à le priver de son arsenal de super-héros. Cette escalade le mène même jusqu'au bureau ovale du président des États-Unis. Un scénario ingénieux qui explore une facette plus sombre de Tony Stark qui est tout du long éprouvé, mettant en lumière sa lutte contre le stress post-traumatique ainsi que son besoin de se reconstruire tant physiquement que mentalement. Une amorce plus sombre que Robert Downey Jr. incarne avec brio. Cette approche révèle de manière percutante le fardeau écrasant qui pèse sur les épaules d'un super-héros. En parallèle, le récit tire son inspiration du comics Iron Man: Extremis, offrant une menace palpable qui met continuellement notre héros à l'épreuve. Bien que cette adaptation ne soit pas aussi brillante que son matériel source, elle réussit néanmoins à capturer l'essence de ce combat intérieur et à créer une tension et un enjeu significatifs tout au long de l'histoire. L'humour est moins omniprésent, ce qui permet de mettre en avant un Tony Stark confronté à des défis majeurs, et ce, sans l'appui de ses compagnons Avengers. Seul le fidèle Colonel James Rhodes (Don Cheadle), pas encore intégré au sein de l'équipe des Avengers, lui apporte un soutien limité. Cette situation met en évidence la solitude de Tony et renforce le sentiment de vulnérabilité qui accompagne son parcours dans le film.
Du côté de l'action, nous sommes gâtés avec des séquences percutantes et divertissantes, à commencer par l'attaque spectaculaire de la maison de Tony par des hélicoptères envoyés par le Mandarin. Cette attaque force notre héros à prendre la fuite, ne lui laissant d'autre choix que de se battre sans armure. On peut remarquer que c'est la première fois que nous voyons Pepper endosser l'armure d'Iron Man, ce qui ajoute une dimension inédite à l'action. Une autre première dans ce volet est que Tony se retrouve plusieurs fois sans son armure, notamment après l'attaque de sa maison. Ces moments donnent lieu à des scènes d'action palpitantes où Tony, malgré sa vulnérabilité, montre qu'il reste un adversaire redoutable. Sa première confrontation avec le bras droit du Mandarin, Eric Savin (James Badge Dale), est particulièrement intense, surtout lors de sa deuxième confrontation contre lui, qui conduit au sauvetage vertigineux des passagers en chute libre à bord de l'Air Force One. L'infiltration du QG du Mandarin par un Tony armé de gadgets fait maison offre un affrontement rafraîchissant et plein d'énergie, bien que cela conduise à la révélation de l'identité controversée du Mandarin, l'une des principales problématiques du film sur laquelle je vais revenir un peu plus tard. Enfin, la confrontation finale est l'une de mes préférées du MCU. Une multitude d'armures s'engagent dans un duel acharné contre les soldats Extremis, plongeant Tony et les spectateurs dans une frénésie de rage après la supposée mort de Pepper. Cette colère déchaînée culmine dans un combat épique entre Iron Man et le Mandarin, qui malheureusement se termine une fois encore sans qu'Iron Man ait vraiment la victoire entre les mains, puisque ce n'est pas lui qui tuera l'antagoniste principal.
Au début tout est pur, tout est motivant. Ensuite, les erreurs commencent, les compromis. Nous créons nos propres démons.
Les séquences dramatiques d'Iron Man 3 sont également pertinentes, notamment dans la manière dont elles explorent les relations entre les personnages. On assiste à une relation touchante entre Tony Stark et le jeune Harley Keener par un Ty Simpkins convaincant, qui parvient à aider Tony à surmonter ses crises de panique. De même, la dynamique entre Tony et Happy Hogan (Jon Favreau) est moins pesante, offrant des échanges sincères entre les deux hommes. Par ailleurs, la relation amoureuse entre Tony et Pepper est bien développée, offrant une évolution logique après les événements des deux premiers opus. Un clin d'œil particulièrement satisfaisant survient dès la scène d'ouverture, qui nous transporte lors du réveillon du Nouvel An 2000 à Berne, où nous retrouvons le scientifique Aldrich Killian et la chercheuse Maya Hansen. Mais surtout, nous sommes réintroduits au Dr Ho Yinsen (Shaun Toub), rencontré pour la première fois dans le premier opus lors de la capture de Tony en Afghanistan. Yinsen est celui qui a sauvé la vie de Tony et l'a aidé à forger la première armure avant de succomber. Yinsen avait précisé qu'il avait déjà rencontré Tony lors d'une convention, mais que Tony l'avait ignoré. Ce rappel lors de la scène d'ouverture d'Iron Man 3 ajoute une dimension de continuité offrant une touche subtile et bienvenue à l'intrigue. Du point de vue de la réalisation, on peut dire que c'est assez correct. Certains plans sont plutôt efficaces dans certaines séquences, et l'atmosphère terroriste est bien rendue, en grande partie grâce à la photographie de John Toll. Cependant, les décors de Bill Brzeski sont un peu trop discrets, tout comme les costumes de Louise Frogley, qui manquent d'imagination malgré quelques touches créatives. En ce qui concerne la musique de Brian Tyler, elle est correcte mais manque clairement de mémorabilité.
Revenons maintenant à l'enjeu majeur qui a suscité le désamour critique des fans envers ce film, à savoir le traitement du personnage du Mandarin, responsable de mon propre dégoût initial envers cette œuvre. Au départ, le récit nous présente un Mandarin énigmatique et charismatique à travers des vidéos de propagande inquiétantes, incarnées de manière menaçante par Ben Kingsley. Toutefois, lors de l'infiltration du QG de ce personnage par Tony Stark, nous découvrons que le Mandarin n'est en réalité qu'un acteur médiocre du nom de Trevor Slattery, manipulé par une organisation à l'origine du projet Extremis. Cette révélation, bien que surprenante, est malheureusement traitée de manière grotesque et ridicule, ce qui constitue un affront majeur au personnage du Mandarin, qui, pour rappel, est l'un des méchants les plus emblématiques et importants des comics Iron Man. Dans cette séquence, on voit Ben Kingsley sortir des toilettes, content de son caca malodorant, vêtu d'un peignoir décontracté et sous l'influence de la drogue, prêt à divertir deux prostituées tout en tenant des propos ineptes devant les yeux déconcertés de Tony (ainsi que les nôtres), qui s'attendait à affronter un véritable monstre et se retrouve finalement face à un simple bouffon. Finalement, il s'avère qu'il n'y a pas de véritable Mandarin, du moins pas tel qu'on l'imaginait. Le véritable antagoniste se révèle être Aldrich Killian par un Guy Pearce avec de l'allure, qui se présente comme tel sans aucune ressemblance avec le personnage du Mandarin. Bien que le personnage de Killian soit intéressant en tant que méchant à part entière, avec de nombreux points de convergence et d'opposition avec Tony Stark, aussi bien sur le plan personnel que professionnel, aussi bien dans la forme que le fond, le choix de le faire passer pour le Mandarin est un choix de scénario absurde et difficile à accepter. C'est dommage, car à la tête du projet Extremis, qui pour rappel est une forme avancée de manipulation génétique utilisant la nanotechnologie qui confère au corps humain des capacités extraordinaires, Killian se suffisait largement à lui même.
La façon dont cette tentative de surprise est exécutée est si ridicule, voire franchement trollesque, qu'on ne peut s'empêcher de la considérer comme un bras d'honneur adressé aux fans du personnage. C'est comme si le film se moquait ouvertement de son propre public, en injectant un humour absurde qui n'avait aucune raison d'être, surtout compte tenu du sérieux affiché tout au long du film, contrairement à son prédécesseur. Une erreur si énorme que le MCU en a eu des sueurs froides, au point de sortir en hâte un court-métrage sur YouTube. On y voit Trevor Slattery, alors en prison, se faire kidnapper par des agents de l'ombre, qui, surprise !, répondent au véritable Mandarin. Celui-ci n'a pas du tout apprécié qu'on usurpe son identité. Cette tentative de rédemption du studio a en partie réussi, mais n'a pas réussi à épargner le film des critiques acerbes. C'est vraiment dommage, car ce court-métrage aurait été parfait en scène post-générique, rassurant immédiatement les fans quant à l'existence réelle du Mandarin. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Mais au moins, cela a permis de rattraper un peu le coup. Et huit ans plus tard, dans le film "Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux", nous avons enfin pu découvrir le véritable Mandarin. Parmi les autres fautes de goût à souligner, bien que de manière moins virulente (quoique...), il y a ce fameux Iron Patriot, qui n'est rien d'autre qu'une version bas de gamme et simpliste de War Machine. Une scène qui, personnellement, me laisse un goût amer à chaque vision est celle où Killian crache des flammes dans une séquence totalement grotesque. Enfin, le dénouement me pose quelques problèmes, non pas en ce qu'il montre, mais en ce qu'il annonce. Ce serait parfait pour conclure l'histoire de Tony, détruisant toutes ses armures et partant vivre en paix avec Pepper. Mais le hic, c'est ce que cela annonce pour les suites, où Tony finira par recréer ce qu'il avait détruit de ses propres mains, annihilant ainsi tout sens et symbolisme. Mais bon, ce n'est pas un problème spécifique à ce film, mais plutôt à ses suites.
CONCLUSION :
Iron Man 3, réalisé par Shane Black, offre une expérience cinématographique satisfaisante mais inégale, mêlant des éléments réussis à d'autres moins convaincants. Malgré des séquences d'action percutantes et des moments dramatiques bien exploités, le traitement du personnage du Mandarin divise et la présence d'autres éléments superficiels, tels que l'Iron Patriot, laisse un goût d'inachevé. Toutefois, le film parvient à captiver grâce à son intrigue complexe et à ses performances solides, offrant aux fans de la saga une expérience divertissante, même si elle ne parvient pas à égaler le niveau d'excellence qu'on aurait pu espérer.
Un chapitre ambivalent dans l'Univers Marvel, entre éclat et controverse.
On peut me prendre ma maison, tout mes trucs et mes jouets, y a une chose qu’on ne m’enlèvera pas : je suis Iron Man.
Bonus : ma critique du film en duo sur la chaîne YouTube de Venom-31 : https://www.youtube.com/watch?v=mDulQrt7784&t=1470s