Une chose est certaine : Iron Man 3 est un film attendu. De tous les personnages développés pour le cinéma et se réunissant dans Avengers, Tony Stark est sans doute celui qui a le plus de succès et le premier volet de ses aventures avait marqué les esprits principalement car … il était justement le premier d’une longue série annoncée. 5 ans après le premier volet, Robert Downey Jr remet l’armure rouge et or mais de l’eau a coulé sous les ponts : Avengers a eu lieu et le film a battu tous les records au box office. Et Jon Favreau, réalisateur des deux premiers films, a passé la main à un metteur en scène du nom de Shane Black.
Proche de Robert Downey Jr, l’homme n’a réalisé qu’un seul long métrage (avec le comédien) : Kiss Kiss Bang Bang mais on lui doit quelques uns des plus célèbres scénarios d’Hollywood. Il a écrit rien de moins que le premier volet de l’Arme Fatale, donnant naissance aux personnages de Riggs et Murtaugh mais aussi Last Action Hero, avec Arnold Schwarzenegger et mis en scène par un certain John McTiernan. Restait à savoir si le bonhomme aurait les épaules assez solides pour reprendre la suite de Favreau et l’héritage laissé par lui et Joss Whedon.
Et la réponse est oui, définitivement oui.
Nous sommes quelques mois après les évènements d’Avengers qui, rappelons-le, se sont terminés par Iron Man larguant un missile dans le vortex créé par des aliens pour sauver le monde. Et s’en effondrer sur le sol new-yorkais. Après trois films, l’homme en armure est enfin devenu un héros après avoir traversé différentes épreuves. Mais il en ressort marqué. Stark ne dort plus la nuit, passe ses insomnies à construire des armures délaissant le lit conjugal qu’il partage désormais avec Pepper Potts. Dans le monde extérieur, un terroriste du nom du Mandarin sème la terreur. Mais on a bien expliqué à Tony qu’après les évènements d’Avengers, c’était un problème que le gouvernement voulait régler seul, pas une affaire pour les super héros. Il faudra donc attendre que l’univers du milliardaire soit directement touché pour qu’il se lance dans une « bonne vieille vengeance ».
On pouvait s’attendre à ce qu’Iron Man 3 soit un enième film « à la Dark Knight » où un héros au sol finit par se relever, face à un ennemi charismatique et déterminé, schéma également repris dans Skyfall et très probablement dans Star Trek Into Darkness. Il n’en est rien ici. Shane Black nous offre un film différent, sorte de mix entre ce qu’il a l’habitude de raconter et l’univers Marvel déjà établi. Certes, Stark commence en mauvaise posture puisque sans armure. Mais c’est un homme, bien que marqué par les évènements new yorkais, en pleine possession de ses moyens qui va se lancer dans l’aventure et dans … une enquête plutôt policière, où il va tenter de déterminer l’origine des attentats pour retrouver le Mandarin.
Contrairement aux premiers volets traités par dessus la jambe, Iron Man 3 bénéficie donc d’un vrai scénario écrit et travaillé, script qui transpire le talent de Black dès que c’est possible et pour le plus grand plaisir de ses aficionados. L’aspect policier est donc bien présent, tout comme la notion de buddy movie. Le duo avec War Machine / Iron Patriot en est une petite preuve parmi d’autres. En fait, à chaque fois que Stark se retrouve face à un personnage, les dialogues de Black font mouche. Mais on retiendra en particulier la rencontre avec un petit garçon d’une dizaine d’année, un peu geek, sans doute disputé à l’école par ses camarades et qui, non content d’évoquer au spectateur le petit garçon lecteur des comics Marvel qui vit en lui, formera un formidable duo avec Tony.
Mais si l’écriture est une force d’Iron Man 3, c’est aussi une de ses faiblesses. En effet, le film sent le Shane Black dès qu’il peut. Mais il sent également l’écriture des autres scénaristes qui s’y sont collés dont Drew Pearce. On ne sait pas qui a écrit quoi et dans quel ordre mais on sent quelques maladresses et autres sujets non ou mal traités. On voit notamment dans la bande annonce que Stark fait face à une armure vide, qu’il contrôle par la pensée et qui vient le déranger pendant son sommeil. On aurait pu y voir un alter-ego, son coté sombre, ou quelque chose comme ça mais il n’en sera finalement jamais rien.
De la même manière, on n’aura que peu d’infos sur le virus Extremis et la manière de tuer ceux qui se le sont injectés. Ca donnera un rendu assez particulier à la scène finale : certains semblent mourir simplement en tombant d’une hauteur, d’autres ont besoin d’exploser plusieurs fois… On a l’impression que ce point n’a jamais été justifié scénaristiquement pour permettre le spectaculaire.
On se demande encore aussi pourquoi, si Tony Stark planquait des dizaines d’armures dans les sous-sol de son domicile, galère-t-il pendant deux heures avec une version en mauvais état ? Ou encore quelles étaient les réelles motivations du méchant, bien floues au final.
Si on gratte un peu, on va donc se rendre compte que tout n’est pas si parfait mais on est quand même face à un film largement au dessus des premiers volets. Le montage et le rythme font qu’on peut passer les défauts évoqués plus haut, planqués sous de très bonnes scènes d’action. Shane Black n’est pas un réalisateur de génie (Whedon ne l’était pas non plus sur Avengers) mais il parvient à donner du souffle à son film et à offrir un final de très haut vol. On en prend tout simplement plein les yeux !
On ne va pas bouder notre plaisir : Iron Man 3 est un film de super héros réussi. Certes, il n’est pas parfait, à cause de probables réécritures et d’une mise en scène très lambda, mais on sent que Shane Black a tenu bon face aux pressions habituelles du studio pour livrer un produit fini de qualité, jonglant entre ses propres envies et l’univers déjà établi. D’ailleurs, osons comparer l’incomparable : avec des gags à la Tex Avery mis de coté, un personnage principal très bon dans son évolution, un coté très sérieux tout en arrivant à délivrer des petits touches d’humour drôle et un final d’antologie, on pourrait se demander si Iron Man 3 n’est pas tout simplement meilleur qu’Avengers ?
