L’Amérique avait Zorro ; L’Europe avait Robin des Bois ; La Chine a Iron Monkey. Oui, il va être question ici d’un justicier qui vole aux riches pour donner aux pauvres. Considéré par certains comme une préquelle à la célèbre saga des Il Était une Fois en Chine, Iron Monkey fait surtout partie de ces films martiaux cultes pour bon nombre de fans de cinéma asiatique. Derrière cette réussite quasi-totale se cachent deux mastodontes du ciné HK : Yuen Woo-Ping à la réalisation et aux chorégraphies, et Tsui Hark à la production et au scénario. Ce dernier est d’ailleurs à l’origine de la saga précédemment citée. Mais ici, on va être dans quelque chose de bien plus survolté. De bien plus survitaminé. Presque dans un cartoon live tant tout part dans tous les sens, pour le plus grand plaisir des amateurs de folies martiales made in HK. Oui, Iron Monkey envoie du lourd, et après 3 visionnages, le spectacle est toujours aussi réjouissant !
Il est clair que le film ne brille pas par l’originalité de son scénario. Il va être ici question d’un justicier masqué, en réalité docteur émérite soignant les plus démunis, qui va s’en prendre au pouvoir corrompu qui nage honteusement dans l’argent en ne se préoccupant que peu de sa population laissée à son triste sort. Il vole leur argent, en essayant de les ridiculiser au passage, afin de le redistribuer aux plus nécessiteux qui en ont parfois juste besoin pour se soigner. C’est alors qu’arrivent en ville Wong Kei-Ying, médecin réputé, et son jeune garçon Wong Fei-Hung. Devant les prouesses martiales de ces derniers, le gouverneur voit l’occasion de se débarrasser une fois pour toutes ce malotru masqué qui pille leurs ressources malhonnêtement gagnées. Il emprisonne son fils et le force à partir à la recherche d’Iron Monkey afin de le pendre en place publique. Mais Wong Key-Ying va vite se rendre compte qu’il n’œuvre pas pour le bon camp, qu’il va devoir demander de l’aide à Iron Monkey afin de libérer son fils et mettre un terme à la corruption qui règne en maitre dans la province.
Bien qu’il pourrait effectivement être une sorte de Il Était une Fois en Chine 0, avec le personnage de Wong Fei-Hung (qui a déjà son parapluie) et la célèbre musique qui l’accompagne, rien de nouveau sous le soleil dans ce scénario au final assez faiblard qui va mélanger enquête policière et film martial. Tous les clichés et poncifs du genre seront présents, avec des personnages stéréotypés, des actes de bravoure, des méchants très très méchants ou encore de la romance légère. Mais tout cela ne vient à aucun moment entacher le spectacle complètement jubilatoire et frénétique qui nous est proposé.
Iron Monkey est d’une générosité rarement vu en matière de péloche HK, aussi bien dans les nombreux combats qu’il propose que dans leurs chorégraphies complètement fumées et semblant parfois sortir d’un Tex Avery. Yuen Woo-Ping est ici au sommet de son art, avec des affrontements complètement fous. Ça saute de partout, ça virevolte dans tous les sens, les idées visuelles sont complètement folles. Woo-Ping nous pond des combats d’une précision hallucinante et le résultat à l’écran est complètement fou. Bien entendu, il faut aimer ces combats fantaisistes, souvent farfelus, complètement cartoon dans leur forme, avec des combattants qui annoncent les coups qu’ils vont faire, des bruitages improbables, et une vitesse d’exécution volontairement accélérée afin de leur donner un côté encore plus effréné. Le final sur les bambous enflammés est un exemple même de cette folie improbable qui caractérise le film, avec son méchant complètement WTF et cette fureur ambiante. Les acteurs s’en donnent à cœur joie, s’amusant comme des petits fous. Yu Rong-Guang (Big Bullet, New Police Story) et Donnie Yen (SPL, Ip Man) nous démontrent une fois de plus l’immensité de leurs talents martiaux, et la toute jeune Angie Tsang (qui a depuis gagné de nombreuses médailles dans diverses compétitions de Wushu), qui interprète Wong Fei-Hung, est tout simplement phénoménale. Sans oublier Shi-kwan Yen (Heroic Trio, The Fearless Hyena) qui s’éclate à interpréter le grand méchant, cabotinant comme pas possible à chacune de ses apparitions. Bref, vous l’aurez compris, Iron Monkey reste encore et toujours un excellent divertissement.
Iron Monkey fait partie de ces classiques du cinéma d’arts martiaux made in Hong Kong. Malgré son échec au box-office, il est clairement un incontournable pour tous les amateurs du genre. Une très bonne production Films Workshop et un des meilleurs Yuen Woo-Ping.
Critique originale : ICI