SPOILERS
On serait tenter de critiquer la mise en scène brouillonne, bordélique de Gaspar Noé, qui rend le visionnage de 'Irréversible' assez éprouvant. On serait tenter de critiquer les dialogues insupportables de Dupontel ou les cris incompréhensibles de Vincent Cassel. Mais c'est justement ces défauts là qui rende le film regardable. En nous rappelant constamment qu'il s'agit d'un film, Gaspar Noé permet au spectateur de trouver un échappatoire à ce drame viscérale. Car 'Irréversible' est littéralement traumatisant.
Inutile de passer par quatre chemins : la scène du viol dans le tunnel est 'Irréversible'. Tout ce qui se passe avant et après n'a d'intérêt que par anticipation ou par écho à cette scène coup de poing. C'est étouffant, c'est cauchemardesque, c'est interminable, c'est insoutenable. On en sort fébrile, nauséeux, anéanti. Monica Bellucci et Jo Prestia livre une prestation qu'on n'oubliera jamais et qu'on espère ne plus jamais revoir.
Et pourtant, 'Irréversible' ne se résume pas à ce plan séquence sulfureux. La chronologie inversée est loin d'être un caprice purement artistique. L'introduction renforce le drame en nous dévoilant le destin dramatique des personnages, et l'injustice qui planera sur tout le reste du récit, tandis que la conclusion, pourtant lumineuse, achève le spectateur en nous laissant apercevoir la beauté et l'espoir avant le drame. C'est d'autant plus douloureux que le réalisateur met en place des rappels plus ou moins subtils (le rêve prémonitoire, Marcus qui ne sent plus son bras).