Je me refuse de faire un jeu de mot... d'accord, un seul : Irrécupérable.
Les critiques sont nombreuses sur ce film.
Je ne pensais pas en faire une supplémentaire, mais je vais tout de même rajouter quelques mots ; j'ai lu "ce gars c'est un génie et les fans de shrek devraient s'abstenir à la vue de son nom", et ce genre de réflexions me fait bondir (même s'il m'est arrivé d'en avoir de semblables, mais uniquement face à des commentaires type "c pas b1 c tro intelectuelle & je ss pas 1 telo", sur une œuvre que je trouve géniale).
Alors : la branlette intellectuelle, pourquoi pas, ça peut toujours faire du bien par moment, mais ce n'est pas à-priori un art supérieur à ceux pratiqués par ceux de l'ensemble des êtres humains qui y sont étrangers.
Prôner un film pour son concept qui n'a rien de nouveau, c'est de la grosse, grosse connerie, et un aveuglement à vouloir trouver des chef-d'oeuvres là où il n'y a, clairement, qu'une ambition égocentrique.
Qui veut juste passer pour géniale et nous en foutre dans la gueule.
Tout ce que tente (et rate) Irréversible a déjà été fait en mille fois mieux.
Une portion de violence sans véritable raison ? Johnny Mad Dog (et c'est autrement plus violent que Irréversible).
Une fille violée qui sera vengée par la suite ? La dernière maison sur la gauche.
Faire de la violence gratuite et merdique ? A Serbian Film (Oui. Même ça, c'est mieux, et pourtant, on y sodomise un bébé et son fils).
Le reste, ce sont uniquement des effets de style sans pertinence : un cameraman fou et bourré pour montrer que la descente aux enfers, c'est dark, une anti-chronologie qui n'a pas de raison d'être, et un scenario aussi fin qu'une feuille de papier. Et ce n'est pas parce qu'un effet est maitrisé qu'il est acceptable. Exemple littéraire : Marc Levy maitrise la langue française, mais écrit aussi bien qu'un analphabète (ne critiquons pas les analphabètes, ce sont nos amis).
L'expérimental n'est pas bon à prendre parce qu'il est expérimental. Vouloir 'tester' de nouvelles formes n'est en aucun gage de la pertinence du test ou d'une quelconque démarche intellectuelle.
De la même manière, un film qui propose une quelconque "réflexion" n'est pas forcément un bon film : il peut très bien exposer une philosophie de comptoir, ouvertement naïve et inacceptable.
La phrase clé du film, c'est : "Parce que le temps détruit tout". Sous-entendu : le temps a des conséquences qui ne peuvent pas être évitées, et détruisent petit à petit une vie humaine. Conclusion : ne vous battez pas contre les épreuves qui vous attendent, elles vous détruiront de toute façon, ce que vous n'en pensez n'y changera rien. Génial. Pensée saine (nazisme, je t'invite sur le devant de la scène, PUTAIN J'AI REUSSI A PLACER MON POINT GODWIN). Autre conclusion : quand vous faites une action, il y a une réaction. Si vous mettez votre main dans du feu, ça vous brulera. Merci, tous les enfants, à partir de cinq ans, l'ont compris.
Le film pue la prétention de tous ces recoins. Je tolère la prétention lorsque l’œuvre pondue est justifiée, pas lorsque ça m'apparait comme une bouse égocentrique, réalisée pour illustrer la pensée égocentrique d'un réalisateur à la réflexion superficielle, et qui ne sait pas s'ouvrir sur les choses (ce vide est caché par les effets de style évoqués plus haut).
Pour conclure cette critique, et l'ouvrir sur ce qui restait de pertinence du film, voici le résumé sur DPstream (qui résume aussi les arguments de ceux qui le recommandent, pour le coup) :
"Irréversible. Parce que le temps détruit tout. Parce ce que certains actes sont irréparables. Parce que l'homme est un animal. Parce que le désir de vengeance est une pulsion naturelle. Parce ce que la plupart des crimes restent impunis. Parce ce que la perte de l'être aimé détruit comme la foudre. Parce ce que l'amour est source de vie. Parce ce que dans un monde bien fait le tunnel rouge n'existerait pas. Parce ce que les prémonitions ne changent pas le cours des choses. Parce ce que le temps révèle tout. Le pire et le meilleur. "
...
Donc, en fait, le film tente de démontrer que la société humaine n'est pas idéale, qu'elle reste violente (j'ai oublié de préciser : cette plongée dans les "viscères" de la société est factice, et même pas réaliste, ici, le portrait est naïf en comparaison de ce que j'ai déjà pu voir, et je n'ai pas vu grand chose), que nous somme tous des animaux, et que nous ne devrions pas avoir de défauts pour créer une société parfaite.
... C'est un peu ce que voulaient les nazis, en fait. (Toi aussi, atteint le point Godwin).
C'est foutre en l'air toute une vie de rationalité, négliger le passé et ce qui constitue l'humanité : nous ne sommes pas des êtres parfaits. Et c'est le foutre en l'air sans justification, juste histoire de se rebeller.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire du temps, le temps créé des évènements, ils sont le plus souvent inévitables et peuvent être douloureux. Bravo, Capitain Obvious.
Pour finir, ce qu'il en est réellement de la "violence" dénoncée dans le film.
Le viol est souvent banalisé de nos jours, certes. Mais tu te trompes au plus haut point, Gaspar : sans prétendre comprendre cette banalisation, il me semble qu'elle n'est certainement pas causée par un manque d'images ; les témoignages, les photos, sont suffisamment nombreux, et quand bien même : la société actuelle est une société de violence, autant au niveau des médias qu'au niveau des films qui peuvent être proposés. En quelques mots, la banalisation de cette violence me parait tenir davantage de la création d'une image de "femme-objet", de l'instabilité des sanctions appliquées (ou non, justement), et de la violence omniprésente dans cette dite société : le viol est un drame très individuel, qu'on le veuille ou non : la femme et ses proches, s'ils l'apprennent, sont seuls concernés, et cette force de violence est bien moins importante qu'une violence plus collective (Je renvoie à Johnny Mad Dog). Donc, tu passes à côté de ton propos en tentant de mettre en scène et d'amplifier une violence qui possède déjà sa place. Bien joué.
D'autre part, croire que cette violence est inédite, et l'exposer comme telle, avec un maximum de prétention, c'est se rétamer totalement, je trouve. La violence est liée à l'histoire humaine, et à l'histoire de la nature en elle-même. Le système préhistorique était violent, l'Antiquité était violente, tout comme le Moyen-Age, les Temps Modernes, et les nazis (point godwin n°2). Si aujourd'hui, les moyens physiques pour blesser, violer et tuer sont beaucoup plus médiatisés et développés qui n'ont pu l'être auparavant, cela n'empêche pas que cette violence ait été présente bien avant notre siècle. Et le réalisateur, qui décide de passer outre ce fait, se décrédibilise totalement.
Et, pour finir : c'est totalement ridicule d'appeler le bar "Le Rectum" (même si ça sonne plutôt bien).