Doublé d'un intelligent film sur les errances et les questionnements de la jeunesse, ce It Follows est un vibrant hommage aux films d'horreur qui ont donné leurs lettres de noblesse au genre.


Tourné comme une comédie de "jeunes" qui ne prend pas ces derniers pour des cons, ça fait un peu penser à Breakfast Club dans les rapports entre teen agers, probablement le film d'horreur qu'aurait réalisé Johh Hughes..., le film se propose de nous pétrifier son heure et demi durant en assumant parfaitement son statut, en ne cherchant pas à fuir le genre, mais en le transcendant grâce à une mise en scène sophistiquée et une photographie glaçante à la Kubrick (les longs plans séquences de la caméra scrutant des endroits déshumanisés font penser obligatoirement à The Shining).
Il y a du Nakata (The Ring et Dark Water) dans le genre pétoche qui vous file le train pour ne plus vous lâcher, mais frousse singulière, la gamine monstrueuse de The Ring, mais aussi les endroits clos et terriblement inhospitaliers de Dak Water.

Forcément l'ombre du grand John Carpenter avec ces méchants qui avancent tout le temps vous stigmatisant en vous faisant comprendre que vous n'y échapperai pas, Michael Myers style, le tout baigné dans une vraie ambiance flippante digne de ce que le genre a donné de meilleur.


Mais le jeune réalisateur, David Robert Mitchell, un nom à retenir..., quasi inconnu jusque là réussit également à parler des peurs du quotidien, le basculement dans le réel comme dénominateur commun, en montrant la détresse d'une jeunesse en proie au doute, un monde d'où les adultes sont d'ailleurs absents, avec la maladie (le mal transmit par le sexe), mais également la peur du futur, de longs plans séquences montrant des demeures abandonnées (la crise des subprimes), l'absence d'humanité avec comme seul moyen d'exorciser ses doutes et ses craintes, la solidarité et l'union entre personnes de la même génération. On se comprend entre jeunes...


En plus d'une vraie ambiance de pétoche, on avait pas vu ça depuis longtemps, ce petit bijou de film est parfaitement réalisé et n'oublie pas d'être intelligent dans son propos. Manifestement le film d'horreur de l'année !

philippequevillart
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le 13 août 2015

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