Un documentaire fascinant même si on a jamais tenu de Rickenbacker entre ses mains. It might get loud est moins un documentaire sur l'instrument rock and roll par excellence qu'un portrait croisé de 3 types qui ont marqué le rock de leur époque : Jimmy Page étant réputé comme le plus grand spécialiste des 60's avec Hendrix et Clapton, Jack White étant bien trop seul dans les années 00 on ne peut pas trop lui trouver de concurrence, et The Edge qui est un peu une curiosité, car dans les années 80 on compte pas mal de guitaristes plus impressionnants que lui, cela dit il dégage une vraie simplicité qui tranche avec son acolyte Bono le clown.
Le plus frappant dans le docu reste le charisme de fou de Jack White. Un look à sortir d'un film de Tim Burton (époque Johnny Depp), une science de l'instrument (la formidable scène d'ouverture). Pour le reste, The Edge évoque Luc Alphan avec le look de Justin Bieber et Jimmy Page en impose encore. Malgré sa nuque longue et son extrême pudeur qui lui interdit de dévoiler quelques anecdotes qui auraient peut-être rendu son segment encore plus intéressant.
Le témoignage White est le plus consistant : son parcours familial, la vie dans son quartier, sa vie active comme ouvrier tapissier, et son chemin vers l'instrument. C'est aussi le plus vivant celui qui semble le moins embourgeoisé. Le documentaire m'a permis d'apprendre qu'il avait grandement pompé le style White stripes (un duo guitare batterie, blue rock aride) sur un improbable duo présenté rapidement dans le documentaire et dont le nom m'échappe malheureusement au moment où j'écris ces lignes.
The Edge s'efforce de montrer la modestie des débuts. Peut-être éprouve-t'il une forme de gêne vis à vis du succès délirant de U2 ? il semble dire "on vient de nulle part hein, on est irlandais après tout". Et Page reste très discret, et n'est intarissable que pour se rappeler des conditions d'enregistrement de Led Zeppelin dans un cottage anglais, sur l'emplacement de la batterie ou de l’acoustique particulière. Il reste évasif sur beaucoup de choses, et n'est même pas plus clair au sujet du solo sur You really got me des Kinks. La légende veut qu'il soit l'auteur du solo, mais s'il a bien participé aux séances et joué sur certaines versions, c'est bien celle de Dave Davies qui est gravée pour l'éternité selon beaucoup de sources. Son manque de clarté sur la question ne l’honore pas des masses. Il n'a guère besoin de ce morceau de bravoure pour briller comme l'un des meilleurs spécialistes au monde....
It might get loud est peut-être un peu trop long, mais cette rencontre très respectueuse entre trois types unis par le même instrument mérite le coup d’œil. Ne serait-ce que pour les entendre parler de leurs idoles (beau passage sur Link Wray).