- Vous avez trouvé Dieu maintenant ? - Non, mais j'ai les cours d'italien.

La réplique passerait presque inaperçue. Mais dans une église désertée, elle résonne tout de même. Devenue incapable de faire communauté, c'est le cours d'italien qui en tient lieu. Et c'est la comédie qui vous dit que Dieu peut aussi prendre la forme d'un demi-finaliste colérique d'un coupe régionale de football reconverti en barman qui engueule ses clients et qui remplace au pied levé un professeur d'italien, du moins temporairement, et sans le savoir bien sûr. Il semble d'ailleurs, chose rare, que tous les personnages sont capables à un moment ou à un autre d'être les messagers du bonheur de leur prochain et le "pasteur" de l'autre, en tout cas un médecin de l'âme.
Dans toute comédie, il faut des gens au cœur pur. "Heureux les... " et l'église n'est pas là par hasard dans cette comédie, comme un père qui reconnaît ses enfants. 9 voyageurs pour Venise, le pasteur compris. C'est la même généalogie que chez John Ford et d'ailleurs, les personnages sont brossés de manière souvent identique, par caméo (pour dire vite) - avec une finesse inégale cependant.
Mais puisque j'évoque quelques lourdeurs, voici une opération gravitationnelle étonnante : dans une première partie, Lone Scherfig présente un à un et parallèlement les personnages. Il y a Olympia, maladroite et cloîtrée intérieurement par le seul dégoût de son père pour le sexe opposé, un père grabataire, présenté de façon quasi outrée et triviale. Et il y a Carmen-Karen et sa mère, également grabataire, présentée de façon quasi médicale, vomissante, sale, repoussante. On se dit que la réalisatrice met double couche... puis, par une petite opération scénaristique (que j'avais oubliée), ces deux poids se rejoignent et au lieu de s'additionner, s'annulent, ou plutôt s'additionnent en légèreté. Comme deux moins qui font plus (ou l'inverse en l'occurence). Pour cela, pour la quadruple visite de Demi-Finn chez la coiffeuse et sa mèche enfin coupée à Venise, devenue symbole de pardon, bravo. Et pour la beauté superstitieuse de Giulia, amoureuse improbable d'un Jørgen Mørtensen transi d'amour. Comédie, bravo.

JM2LA
8
Écrit par

Créée

le 22 sept. 2015

Critique lue 363 fois

JM2LA

Écrit par

Critique lue 363 fois

D'autres avis sur Italian for Beginners

Italian for Beginners
EowynCwper
5

Critique de Italian for Beginners par Eowyn Cwper

Le mouvement Dogme95 de Vinterberg et Von Trier a fait long feu. Italian for beginners est le dernier film qui s’en réclame qui ne soit pas méconnu ; il a même bien marché, au prix que la...

le 11 nov. 2019

1 j'aime

Italian for Beginners
Nadine
9

Critique de Italian for Beginners par Nadine

Une petite ville triste sous la pluie, des personnages fragiles et attachants dont les destins vont se croiser à la faveur d'un cours d'italien pour débutants, des histoires d'amour qui se tissent...

le 27 sept. 2010

1 j'aime

Italian for Beginners
Kibruk2
8

Critique de Italian for Beginners par Kibruk2

A priori le synopsis n'attire pas particulièrement l'attention. Pourtant il est des films aux histoires toutes simples qui captivent le spectateur par la qualité de son traitement, et celui-ci en...

le 30 août 2022

Du même critique

Le ciel est à vous
JM2LA
10

Le plus pur chant du cinéma occupé

Revu récemment le 6 juillet 2011 sur écran d'ordinateur mais surtout le 18 et le 20 mai 2014, en salle. Toute la grandeur du film ne m'est apparue d'ailleurs que sur grand écran... en projection...

le 12 sept. 2015

12 j'aime

Le Plein de super
JM2LA
9

Critique de Le Plein de super par JM2LA

Film masculin au possible, proche de la grossièreté souvent et pourtant porté par la grâce du jeu... Cavalier réussit un pari unique, celui d'une collaboration étroite avec ses acteurs qui, si mes...

le 2 oct. 2015

11 j'aime

Le Fils de Joseph
JM2LA
9

La main de la comédie a retenu celle de la tragédie : miracle. Et le style a suivi la main.

La vraie comédie est-elle évangélique ? C'est ce que semble prouver (ou vouloir montrer) le Fils de Joseph. En quoi ? En résistant à l'appel du meurtre, du règlement de compte. Comment ? Au lieu de...

le 8 mars 2016

10 j'aime

1