Jean,cuisinier corse timoré,prend en stop Nora,beurette canon larguée par son riche fiancé.Ils n'ont pas grand-chose en commun mais vont cependant sympathiser,pour finalement tomber amoureux,au fil d'un road movie à travers l'île de Beauté.Le mystère reste entier:comment les mecs trouvent-ils encore de l'argent pour financer de telles épaves audiovisuelles?Et comment les auteurs peuvent-ils croire que leur atroce romcom peut revêtir le moindre intérêt?C'est un désastre d'une perfection absolue,et à tous les échelons.Une musique cacophonique retentit constamment afin de meubler la vacuité d'une histoire salement recuite dont on voit venir à des lieues chaque évolution,d'autant qu'il n'y en a pas souvent.C'est lent,c'est mou,c'est stupide,les personnages sont cons et détestables et les acteurs sont total à la ramasse.Le préposé à la réalisation,l'inconnu Jean-Luc Perréard,est incapable de sortir un plan potable,ni de donner un minimum d'élan à ses scènes,ni d'imprimer du rythme à quelque moment que ce soit.Même les beaux paysages corses ne sont pas réellement mis en valeur,la caméra se contentant d'enregistrer les conversations ineptes de deux débiles en bagnole.Dommage car c'eût été le seul bon point d'un film qui du coup n'atteint même pas le niveau d'un reportage touristique,ce qui est regrettable dans la mesure où c'est en partie financé par la Région,donc par l'argent des contribuables insulaires.On comprend mieux les raisons de la catastrophe quand on constate que le scénario est dû à Jacques Monnet et Pierre Salvadori,deux cinéastes au talent approximatif.Monnet a peut-être été recruté pour l'expertise en matière de road movie qu'il avait autrefois démontrée dans son excellent "Clara et les chics types".De fait on retrouve une structure de récit approchante avec cette balade nonchalante de protagonistes se rencontrant,se perdant de vue,se retrouvant,se fuyant et se courant après.Mais tout ça est bien loin et Monnet n'a plus rien fait de correct depuis les années 80,sa déchéance se confirmant ici.Pour ce qui est de Salvadori,on détecte son goût pour la comédie romantique dans l'esprit des screwball comedies américaines d'antan,et il ne se gêne pas pour nous refourguer un de ses scripts déjà utilisé dans ses propres films.Parce que ce navet en rappelle d'autres comme "Après vous","Hors de prix" ou même "En liberté" qui arrivera plus tard.Toujours la même histoire du brave type qui tombe amoureux d'une fille trop belle pour lui mais qui en lui collant au cul la séduit à l'usure,les nanas étant généralement des demi-putes désagréables au coeur de pierre,mais c'est à cause de la vie difficile qu'elles ont connue,car nous sommes là dans du cinéma social.Heureusement elles finissent par découvrir l'amour grâce à ces si gentils prétendants qui les ramèneront vers la lumière,alleluïa!Et là ça ne loupe pas,on assiste à la même entourloupe,en plus pénible encore.Surtout qu'on n'y croit pas une seconde,à ces fariboles.Que Jean soit raide dingue de Nora,on peut l'admettre,nonobstant le caractère infect de la donzelle,car elle a un physique des plus motivants,le genre Leïla Bekhti si vous voyez.D'ailleurs ça tombe bien,c'est elle qui tient le rôle.Mais que la gonzesse puisse s'enticher de ce neuneu mollasson semi dépressif,ça dépasse l'entendement.Les acteurs sont au fond du trou et adoptent des tactiques différentes,Leïla surjouant à mort la caillera à grande gueule et Fred Testot se traînant avec l'air pas réveillé.On ne voit quasiment qu'eux,donc les autres comédiens apparaissent brièvement.Le seul qui ait un rôle un peu consistant,à défaut d'être utile, est Jean-François Stévenin,ici complètement à côté de son brushing, qui squatte un pourcentage relativement important des films français,et pas forcément les meilleurs.Fred et Leïla entonnent sur le générique de fin le "Voyage en Italie" de Lilicub,Testot prouvant avec éclat qu'il n'a rien à faire derrière un micro,contrairement à sa partenaire,plutôt douée pour l'exercice comme elle l'avait montré dans "Tout ce qui brille" en chantant avec Géraldine Nakache le "Chanson pour une drôle de vie" de Véronique Sanson.En conclusion,notons qu'apparait quelque part dans le générique le nom de Benoît Graffin,qui a trempé dans l'affaire sans qu'on sache trop à quel titre.Mais comme il est le coscénariste habituel de Salvadori,on se doute que ce fossoyeur de script s'est fait un plaisir d'enterrer plus profond encore cette absurde pelloche de caniveau.