Aboutissement des recherches plastiques de S.M. Eisenstein, "Ivan le Terrible" est la preuve ultime de combien le cinéma était pour lui un "art total" : architecture (on remarquera particulièrement les écrasantes voûtes de la cathédrale au moment du meurtre), peinture (composition de véritables tableaux à dimension liturgique et utilisation symbolique de la couleur) et musique (après "Alexandre Nevski", Prokofiev travaille de nouveau avec Eisenstein pour donner, grâce à la musique, une structure interne à l’œuvre). "Ivan le Terrible" devient ainsi une sorte d’opéra où le héros, sans cesse en proie au doute et en lutte contre son entourage, prend des accents shakespeariens : l’ampleur de toutes les dimensions (durée, espace, décors, traits des personnages…), parfois poussée jusqu’à l’exagération manifeste la conception cérémonielle de l’œuvre d'Eisenstein.
[Critique écrite en 1982]