Une attaque de château en règle, un duel judiciaire à la hache et au fléau d'armes, de belles armures, une direction artistique impeccable, un Technicolor somptueux, un casting exceptionnel (avec une petite préférence pour George Sanders toujours parfait dans les rôles de méchants), une mise en scène dynamique, de nobles sentiments, des baisers brûlants... vous avez tout ça dans Ivanhoë, avec pour enrober l'écrin le souffle puissant de la musique héroïque du grand Miklos Rosza. Ce film tourné dans les studios anglais de la MGM est un pur joyau du film de chevalerie hollywoodien qui servira de modèle pour imposer une certaine imagerie médiévale destinée à ce type de productions. Par sa superbe reconstitution de l'Angleterre du XIIème siècle, il prouve sa maîtrise des scènes d'action et l'excellence de la Metro qui soignait ses fresques historiques autant que ses "musicals". Ceci couplé aux fabuleux morceaux d'anthologie (comme le duel final et le siège du château de Torquilstone) rend compte de la perfection atteinte par ce cinéma d'aventure hollywoodien des années 50, une perfection dont on croyait la recette perdue jusqu'aux progrès des effets numériques qui permettent aujourd'hui les rêves les plus fous. Mais à cette époque, c'était comme ça. L'antagonisme entre Normands et Saxons contribue à donner au scénario une trame dramatique constamment soutenue, et on passe sur certaines erreurs tant le divertissement est éblouissant, car cette version est assez éloignée du roman de Walter Scott, mais elle est en effet beaucoup plus passionnante et possède le vernis étincelant des productions soignées.