Au XIIè siècle, en plein Moyen-Age, le jeune Ivanhoé (Robert Taylor) joue au ménestrel sous les fenêtres d’un château fort en Autriche. Son chant typique attire l’attention d’un homme enchaîné dans une tour. L’homme comprend qu’il a affaire à un ami, il réussit à lui transmettre un message. Ivanhoé acquiert ainsi la certitude que le roi Richard-Cœur-de-lion est prisonnier de Leopold V d’Autriche. Celui-ci réclame une rançon de 150 000 marks en argent !
Rentré chez lui, Ivanhoé découvre que Jean-sans-terre, frère de Richard s’est emparé du trône d’Angleterre (sur lequel on le voit plusieurs fois assez avachi) pendant l’absence de Richard pour cause de croisade. Jean n’est pas pressé de payer la rançon… On découvre également qu’Ivanhoé a été renié par son père Cédric, celui-ci lui reprochant d’avoir négligé ses devoirs pour accompagner Richard. Ivanhoé appartient à une riche famille saxonne vivant dans un château où habite sa dulcinée, la belle et tendre lady Rowena (la blonde Joan Fontaine) qui désespérait de le revoir.
Jean-sans-terre est à la tête des Normands qui cherchent à asseoir leur domination sur l’Angleterre. De son côté, Ivanhoé s’assure le soutien du juif Isaac York en le sauvant d’une embuscade. York est le père de la ravissante Rebecca (la brune Elizabeth Taylor : aucun lien de parenté avec son partenaire Robert Taylor). Rebecca est fascinée par le beau et courageux Ivanhoé.
Ivanhoé va obtenir le soutien financier de la colonie juive en leur promettant une meilleure considération de la part du roi Richard. Il obtient également le soutien de Robin-des-bois.
Le film détaille le combat d’Ivanhoé pour rétablir Richard sur le trône d’Angleterre. Il montre aussi ses démêlés sentimentaux et familiaux. Enfin et surtout, il montre de façon spectaculaire quelques épisodes hauts en couleurs. Le tournoi de chevaliers qui s’affrontent sous forme de joutes à cheval fait partie de l’anthologie du cinéma. Tout y est, l’ambiance dans les tribunes, les codes de la chevalerie, le suspense et le spectacle. La violence et la crudité de ce type d’affrontement est palpable. Il y a également une remarquable attaque de château. On voudrait filmer cela maintenant, on y intégrerait de la musique à tue-tête avec des effets de basse, on filmerait façon clip en en rajoutant, de façon à ne jamais laisser le spectateur reprendre son souffle. Alors que là, quand on observe les défenseurs verser à l’aveuglette des pierres sur ordre, parce qu’ils font cela d’un créneau haut et massif, on comprend et on voit les rudes conditions de combat.
Le Technicolor, magnifique, rend justice au travail sur les costumes et les décors. Et il met en évidence la beauté d’Elizabeth Taylor qui, encore jeune, joue une femme un peu timide qui hésite à se montrer. Les premiers plans où elle apparaît, on la voit de dos où plus ou moins cachée. Par contre, quand Richard Thorpe la filme en gros plan lors de son procès pour sorcellerie, la pureté de son visage éclabousse l’écran, avec ses yeux de biche, ses lèvres frémissantes et sa chevelure resplendissante. La touche finale, c’est son visage légèrement penché. Bois-Guilbert (George Sanders) craque littéralement ! Mais c’est pour Ivanhoé que bat le cœur de la somptueuse Rebecca. Ajoutons que Joan Fontaine est parfaitement à la hauteur de la comparaison. Moins jeune, mais très élégante et surtout avec un beau caractère : il faut la voir flanquer une gifler à un malotru !
Reste le duel final. Un moment de bravoure, de tension et de suspense de haute volée. Encore un affrontement d’une violence sauvage. C’est un combat à mort qui joue sur l’épuisement et l’usure des deux combattants.
Un peu d’humour bon enfant agrémente l’action. Exemple avec Wamba, le serviteur affranchi d’Ivanhoé, enthousiaste en début de bataille et qui, agressé, change immédiatement de discours « God save England !... God save Wamba. » Le scénario présente certaines facilités et des incohérences. Ainsi Rebecca assiste au tournoi alors qu’elle avait dit que c’était trop risqué pour elle. Finalement présente, elle est voilée… mais pas pour longtemps. Un détail au regard des qualités du film. 60 ans après sa sortie en salles, on l’apprécie pour l’action, les costumes, les décors, l’ambiance de la chevalerie et les belles performances d’acteurs. Observer Ivanhoé tenaillé entre la noblesse de son engagement vis-à-vis de lady Rowena et le charme de la belle Rebecca reste très prenant. Et peu importe les libertés prises vis-à-vis du roman éponyme de Walter Scott (qui date de 1819) qui ne revendiquait pas une fidélité historique absolue.