Petit saut dans le temps en ce qui me concerne pour laisser de côté la partie de la carrière d'Allan Dwan consacrée au muet, pour atterrir en pleine Seconde Guerre mondiale. Quelques années après la fin de la guerre, Dwan réalise ce film qui remplit toutes les cases du film de guerre patriotique états-unien de la période et porte un regard sur l'entraînement des troupes avant de les lancer dans deux batailles en lien avec Iwo Jima. C'est un film qui semble vraiment sur mesure pour John Wayne en lui conférant ce rôle pétri de clichés (vu d'aujourd'hui) et déjà vu des dizaines (ci ce n'est des centaines) de fois, un sergent dur avec ses ouailles mais qui, dans le fond, a un grand cœur, le genre à balancer des grosses patates comme autant de signes d'affection, évidemment. Le gros bourrin de GI qui aura passé sa vie à malmener ses soldats mais ces derniers comprendront spontanément, une fois sur le champ de bataille, le sens de son saint apprentissage, en même temps qu'ils découvrent une lettre adressée à sa famille révélant le pan sensible de sa personnalité qu'il n'avait jusque-là jamais laisser filtrer... En un sens, une énième variation du portrait de ces hommes virils "tough but compassionate" que John Ford s'évertuera de décrire durant sa carrière et qui, personnellement, ne m'intéresse pas un iota au-delà de l'importance historique. On pourrait trouver des prolongements plus récemment dans le dernier temps de la filmographie de Clint Eastwood.
Des torrents de "beaux" sentiments donc, des entraînements durs, des combats durs, et toutes les fêlures qu'il faut sous la carapace de dur à cuire, avec des gens qui se détestent mais qui en fait, dans le fond, s'apprécient sans oser se le dire. Seul vrai point positif du film à mon sens, la mise en scène des séquences de débarquement sur l'île de Tarawa et celle d'Iwo Jima — avec la célèbre prise du mont Suribachi interprétée par d'anciens soldats survivants ayant participé à l'événement réel, sous la forme d'un caméo. C'est patriotique à mort (sans faire des ennemis des diables non plus, certes), c'est le rouleau-compresseur de l'héroïsme qui donne l'impression d'être tempéré par la peur et l'incompréhension des soldats dans la boucherie, avec un petit aspect consacré à l'absurdité des carnages. Mais le résultat est le même.