Je connais très vaguement l'affaire Dreyfus grâce à mon parcours scolaire, comme beaucoup de gens sans doute. Polanski donne très rapidement le ton avec son film : on va surtout évoquer l'antisémitisme de l'époque et l'injustice qui en découle.
Et je trouve qu'il fait ça très bien. Avec l'usage de focales courtes, une photographie soignée et de nombreux détails dans les décors et les costumes, chaque plan a une certaine grandeur et dégage quelque chose de fort. Si les transitions désuètes peuvent faire sourire et faire pense à un téléfilm, elles s'avèrent plutôt brutales et collent très bien à cette réalisation qui ne fait pas dans le tape-à-l’œil. Pour moi une réalisation sobre mais qui réussit à très bien faire passer les émotions, c'est bien plus respectable qu'un réalisateur ou une réalisatrice qui va faire des plans-séquence ou un montage de malade mais ne transmettra strictement rien.
Je trouve le texte et le propos vraiment très bons. Mettre en scène un type qui va se retrouver à défendre quelqu'un dont il se fiche complètement du sort parce qu'il se rend compte que les faits sont très différents de ce qui lui a été reproché, je trouve ça assez fort. C'est une démarche qu'on devrait tous avoir : s'en tenir aux faits, s'informer sur les choses avant de l'ouvrir.
Louis Garrel est méconnaissable, et Jean Dujardin excellent, c'est peut-être pour moi le meilleur rôle de sa carrière parmi les films que j'ai vu dans lesquels il joue. J'ai été très agréablement surpris par la justesse des acteurs.
Il y a aussi ce côté méta qui se dégage du film avec ce tribunal populaire bien réel encore à notre époque qui semble primer sur la justice qu'un pays s'est embêté à instaurer pour de bonnes raisons.