Dans les tiroirs ou sur un bordereau se manipule la vérité. Polanski rouvre le dossier d’une machination avec un art précis de la narration. Le film met dans l’ombre le personnage même de Dreyfus, ainsi que tout ce que l’antisémitisme a généré en termes de déchirement violent au sein de la société pendant plus de 10 ans. Il est davantage construit comme une enquête policière pour rétablir l’innocence d’un homme et dénoncer les mensonges, préjugés. C’est vraiment très bien raconté, les enchaînements des faits sont précis, les rebondissements judiciaires et politiques sont abordés avec intelligence. Si la reconstitution de cette erreur judiciaire est particulièrement réussie , le personnage central reste Picquart, et sa quête pour rétablir la vérité, qui mit au jour les irrégularités de la condamnation de Dreyfus. Mais il montre aussi que la cause que défend Picquart est davantage la justice et l’idéal militaire à rétablir plutôt que l’antisémitisme à dénoncer. J’ai trouvé un article intéressant sur France Inter qui explique comment les dreyfusards ont mené leur long combat pour la vérité, ont mis du temps pour aboutir à la révision de l'accusation dans une société profondément marquée par le conservatisme, le militarisme et l'antisémitisme.