Voici un objet filmique qu’il n’est pas aisé d’identifier. C’est l’histoire de Bora, un Tzigane yougoslave trafiquant de plumes d’oies (oui oui). Il rencontre la jeune et belle Tissa et ça va semer pas mal d’embrouilles dans cette contrée pas tout à fait hospitalière. Dès les cinq premières minutes, on se rend compte que l’on a devant soi un truc dans lequel tout peut arriver. Le film oscille entre un réalisme austère proche du documentaire et un surréalisme jubilatoire et foutraque. On assiste pêle-mêle à des scènes de danses trad dans la boue du village, des morceaux chantés qui pourraient rappeler Dujardin dans OSS ou un duel au couteau dans un nuage de plumes blanches. C’est cracra et beau à la fois. Ce qui frappe surtout ce sont ces portraits de locaux aux traits durs et rieurs. Il y a une forme de magie dans l’enchaînement de scènes qui n’ont pas grand-chose à voir les unes avec les autres. Alors ni documentaire, ni tout à fait fiction ce bout de pellicule usé méchant et drôle vaut toute l’attention de ceux qui aiment être surpris. A noter que le film a été remarqué à Cannes à l’époque.