L'animation est une véritable mine d'or pour le cinéma ; poétique, élégiaque et où l'abstraction est souvent de mise. J'AI PERDU MON CORPS en est le parfait exemple.
En contant le pourquoi du comment Naoufel perd sa main, Jérémy Clapin livre avec ce film à la superbe animation une tragédie intime. Le récit en trois temporalités emporte le spectateur par sa sobriété émotionnelle et son rythme plutôt maîtrisé malgré le concept du parcours d'une main qui pourra en laisser sur le côté. Mais si l'on s'accroche, on découvre la beauté des sens ici parfaitement retranscrite. On ressent le sable dans la paume, la chaleur du soleil sur la peau, tant de sensation merveilleuse que nous banalisons bien trop souvent.
En dehors de cet aspect métaphorique qu'est la main comme catalyseur d'une vie, le quotidien de Naoufel, personnage finement écrit et bouleversant de simplicité, nous rappel l'acte de foi que nécessite la vie. Celle nécessaire pour surmonter les épreuves et aller de l'avant ou celle en la possibilité d'être heureux. Peut-être que ce propos n'est pas original mais il est définitivement utile de rappeler cette vérité. Quand, en plus, c'est traité avec soin et universalité, ne boudons pas notre plaisir… Il serait dommage de manquer ce voyage sensoriel et profondément humain.