Un agent des services secrets coréens (Lee Byung-hun) traque sans relâche le psychopathe (Choi Min-sik) qui a tué sa fiancée, bien décidé à lui faire payer son atroce crime de la manière la plus lente et sanglante qui soit...
Décidément, je n’en finirai jamais de m’interroger sur la nature humaine, et ce n'est pas avec J’ai rencontré le diable que ce questionnement va se tarir. En effet, cette atrocité de tous les instants se fait qualifier de tous les superlatifs par bon nombre de spectateurs, qui croient voir là un film à la portée politique et philosophique profonde, n’hésitant pas à évoquer une fascinante plongée dans les tréfonds de l’âme humaine ou une étude minutieuse de la psyché humaine (il y en a qui n'ont pas honte, quand même...).
Mais si J’ai rencontré le diable reflète vraiment l’humanité, il faut de toute urgence que j'entame sans tarder une procédure de naturalisation pour la planète Jupiter ! Viols, séquestration, cannibalisme et tortures sont en effet le lot commun des personnages de ce film, et j'espère fort pour l’équipe du film ainsi que pour les spectateurs qu’ils n’y voient pas une image de leur vie quotidienne, sinon je ne peux que leur conseiller d’appeler immédiatement le 3977 sous les plus brefs délais.
Non content de présenter la société comme une bande de tarés qui se divisent entre psychopathes et victimes incapables de réfléchir cinq secondes, Kim Jee-woon nous offre en outre un scénario écrit avec les pieds (le nombre de personnages agissant de manière un tantinet logique se compte sur les doigts de la main) et une mise en scène souvent bâclée (à quelques exceptions près, certes), confuse dès qu’il s’agit de mettre un peu d’action dans le récit. Il est vrai que le réalisateur s'occupe bien plus de tenter de nous choquer à grands renforts d'images gore que de faire du vrai cinéma. Dommage de voir s’abîmer le très bon Lee Byung-hun (vu dans le superbe JSA) dans une panade pareille...
Quoiqu’il en soit, on retire tout de même trois choses d’une telle catastrophe cinématographique :
- premièrement, une haine grandissante envers Park Chan-wook - pourtant un réalisateur très capable -, qui a ouvert le bal avec son (déjà mauvais) Old boy ;
- deuxièmement, une piètre image d’un public qui ressemble de jour en jour davantage aux créatures déshumanisées assoiffées de violence et de sang dont nous ont abreuvé les films de zombies ;
- et troisièmement, une vision noire de la Corée, dont on finit involontairement par retenir l’image d’un pays peuplé de psychopathes sans âme et sans conscience. J’ai rencontré le diable ou l’art de devenir raciste en un temps record...