Le cinéma coréen regorge de pépites qui méritent le coup d'œil depuis le début des années 2000. Avant la consécration avec Parasite de Bong Joon-ho aux yeux du grand public en 2019, de nombreux films ont su se forger une réputation sur la scène internationale. On pense évidemment au Dernier Train pour Busan (2016) mais également à The Chaser (2008) ou encore Memories of Murder (2003). Bien sûr, il y a bien d'autres métrages à découvrir et J'ai rencontré le diable (2010) est à ranger en haut du panier. Ce thriller est tout simplement une bonne claque en termes de mise en scène, de jeu d'acteurs et de montage. La maitrise de son réalisateur témoigne d'un vrai talent et force le respect. Il nous livre tout le long du film des plans incroyables et inspirés qui apportent un souffle incroyable à son histoire. On assiste à une quête de vengeance d'un agent de sécurité dont la femme a été assassinée par un tueur en série impitoyable et violent. Le film prend certes un chemin classique dans sa première heure mais très réussie et va même nous surprendre en prenant une voie inattendue qui sort des sentiers battus au bout d'une heure. En effet, on assiste à la mise en place d'un duel entre ces personnages incarnés par deux acteurs au sommet, Lee Byung-hun et Choi Min-sik. Ils dégagent un charisme indéniable et apportent grandement dans cette confrontation sanglante de haute volée. Le second qu'on a pu apercevoir dans le désormais culte Old Boy (2003) dévoile une prestation incroyable et effrayante dans le rôle de ce tueur en série. Encore une fois, cette audace scénaristique qui ose mettre en place des passages endiablés nous permettent de faire passer ces 2h20 à une vitesse folle. Initialement, la durée peut être un frein et c'est pourtant loin d'être le cas. Il faut attribuer cette réussite en grande partie à son metteur en scène, Kim Jee-woon. Il nous avait déjà offert des films efficaces que ce soit Le Bon, la Brute et le CInglé (2008) et A Bittersweet Life (2005), encore d'autres bijoux du cinéma coréen et continue sur sa lancée avec ce film. Sur la forme, sa caméra est sans cesse dans la justesse sans jamais tomber dans l'abus facile qui évite de nous submerger par des séquences visuellement lourdes et sublime même ce face-à-face au sommet. Il alterne action et horreur avec réussite, toujours dans le respect de chacun de ces genres. Le spectateur est lui choqué par la violence de certaines scènes et bluffé par le rythme de son récit. Le film n'en oublie pas pour autant de mettre en place une écriture soignée même si on peut lui reprocher des personnages secondaires assez transparents. Cela a pour conséquence de mieux mettre au premier plan nos deux personnages, dont le film sème le doute sur la destinée de ce duel et nous fait questionner sur l'être humain et la bestialité qui dort en lui jusqu'à nous rendre perplexe sur les objectifs de cet agent de sécurité. C'est un film audacieux et choquant mais aussi malin qui ne laisse pas de marbre.