J'aime bien revoir ce genre de film qui alimentait mes soirées VHS entre potes dans les années 80, et là depuis plus de 30 ans, ça me replonge en plein dedans en me rappelant un certain style de cinéma de cette époque, il faut l'avoir vécue pour aimer ces films, c'est pourquoi je déplore les mauvaises notes de ce polar qui est l'adaptation du premier roman de Mickey Spillane (de la série Mike Hammer), peut-être a-t-il été mal compris, je ne sais pas, mais je vais essayer de le défendre en le réhabilitant.
Je ne connaissais de Richard T. Heffron qu'un seul film, les Rescapés du futur qui était la suite de Mondwest et qu'il avait su rendre attractive ; on retrouve son style nerveux et efficace dans ce polar rapeux, rugueux et plutôt violent dont il a repris la réalisation au scénariste Larry Cohen qui devait initialement le réaliser, les producteurs l'ont viré parce qu'il n'allait pas assez vite. Le passé de réalisateur de télévision de Heffron lui permet d'emballer ce polar avec brio, et il ne s'est pas contenté de développer uniquement le climat de violence, car plusieurs idées sont assez brillantes. Le fameux privé Mike Hammer frappe comme son nom l'indique, comme un marteau sans trop de nuances, mais il reçoit aussi pas mal de coups, c'est une histoire de vengeance implacable, Hammer s'étant juré de retrouver l'assassin de son meilleur ami avant la police, et de s'ériger en juge, jury et bourreau, autant dire qu'on doit s'attendre à du grabuge.
Il faut savoir que les romans de Spillane sont un mélange de violence, de sexe et de parfum de roman noir, ses romans correspondent bien aux thèmes du polar moderne qui privilégie volontairement l'action brutale au détriment de l'atmosphère, d'où le fait que le réalisateur n'a pas cherché à recréer l'époque de parution du roman (1947), situant l'action dans les années 80, je trouve cette réactualisation bienvenue, parce que ça permet une approche plus juste avec tous ces composants, de même que Hammer garde ses caractéristiques, à savoir que c'est un privé très brutal, qui tue comme une machine et se montre très peu délicat avec les femmes, détails que Robert Aldrich avait dû quelque peu atténuer en 1955 dans l'adaptation de En quatrième vitesse, autre roman célèbre de Spillane. Ici, on a des fusillades bien saignantes, de l'action tendue et un érotisme ouvertement provocateur, c'est même assez chaud dans la scène avec Barbara Carrera.
Ceci m'amène à considérer que le choix d'Armand Assante n'est peut-être pas le meilleur pour camper un tel personnage, l'acteur est bon, mais il aurait fallu dans ce rôle de cogneur sauvage un acteur plus physique, est-ce pour ça que le film n'a eu que peu de succès ? J'en sais rien, mais par rapport au film d'Aldrich, J'aurai ta peau ne possède pas ses multiples dimensions et se contente de fonctionner au premier degré, et c'est déjà pas mal, car si on admet cette différence de niveau, ce polar se révèle une bonne restitution de l'univers de Mickey Spillane, dans lequel les femmes sont particulièrement dangereuses. Autour d'Armand Assante, le casting fait bien le job, avec des acteurs comme Carrera, Laurene Landon, Paul Sorvino ou Geoffrey Lewis...