La remise en question, thématique de l'excellence Eastwoodienne se retrouve au centre de J. Edgar.
Clint Eastwood revient en force avec J. Edgar, signant ici un de ses films les plus contemporains et les plus hostiles politiquement parlant, allant jusqu'à remettre même en cause certains fondements du Républicanisme auquel il a été rattaché au cours de sa longue vie, et carrière.
Ce qui est formidable, chez Eastwood, et récurrent depuis un certain moment, c'est qu'il sait s'entourer. Grâce au travail de son monteur Joël Cox et de son directeur de la photo, Tom Stern, Clint Eastwood livre une réalisation léchée, reprenant certaines recettes techniques de Lettres d'Iwo Jima ou encore de l’Échange, tout en lui conférant un propre cachet. Le tout est soutenu par une musique discrète mais touchante, signée Eastwood, comme à l'accoutumée. Certains se plaindront du rythme, qui ne m'a pas choqué outre-mesure, étant profondément Eastwoodien. Je rajoute, tout de même, une mention très spéciale pour la lumière, particulièrement soignée. Rien n'est laissé au hasard dans son placement, sa colorimétrie et son intensité : tout sert l'intrigue et le personnage qu'Eastwood cherche à mettre en place.
Parlant d'entourage, les acteurs ne sont pas en reste. Si Leonardo DiCaprio domine forcément son premier rôle, il n’éclipse pas pour autant des seconds rôles efficaces par leur interprétation, leur mise en scène, et leur écriture.
Au niveau de l'écriture, on ressent cette minutie, ce maniérisme de la documentation qu'on avait pu constater sur ses précédents films, dans l’Échange par exemple. Forcément, le parallèle avec le monde contemporain est inévitable, le film est d'ailleurs conçu en ce sens.
Certes pas le meilleur film de Clint Eastwood, J. Edgar reste tout de même largement digne du grand homme. Il peut le brandir fièrement, du haut de ses 81 ans passés, et du haut de sa carrière ayant fait de lui une légende vivante, un Grand parmi les Grands.