En quarante ans de bons et loyaux services derrière la caméra, Clint Eastwood avait réussi l'exploit de ne me décevoir réellement qu'une seule fois avec "Au-delà", alors même que ses films les plus mineurs avaient trouvé grâce à mes yeux. Malheureusement, alors que "J. Edgar" avait tout pour me plaire, le constat est un peu similaire même si moins flagrant.
Faisant preuve une fois encore d'un classicisme feutré dans sa mise en scène, Eastwood ne cache rien de la personnalité imposante de Hoover (incarné par un Leo DiCaprio toujours parfait), que ce soit son approche visionnaire et jusqu'auboutiste du métier ou au contraire ses zones d'ombres, à savoir sa paranoïa, son incapacité à établir des liens sociaux et son amour refoulé pour son second, campé par Armie Hammer, impeccable.
Le metteur en scène traite son sujet avec une infinie pudeur, montrant son personnage principal avant tout comme le pur produit de son époque, et atteignant un certain degré d'émotion quand il se penche sur son amour immodéré envers sa mère. On ne pourra pas en dire autant en ce qui concerne les séquences "contemporaines", le vieillissement des acteurs frisant constamment le ridicule et annihilant tous les efforts des comédiens.
Des bonnes choses, "J. Edgar" en a à revendre mais ne parvient jamais vraiment à susciter l'intérêt, Eastwood ne faisant que survoler une multitude de sujets passionnants et accouchant finalement d'un film certes intéressant mais terriblement transparent. En espérant que ce grand homme se réveille un peu pour son prochain projet.