Clint Eastwood continue de prouver que ses 80 ans le rattrapent de plus belle à travers ce nouveau biopic, cette fois-ci d'époque, racontant la vie tumultueuse de John Edgar Hoover, le créateur du FBI. Pourtant, tout laissait présager une parfaite réussite : un film d'époque façon Eastwood est sans cesse réussi, la présence de l'immense Leonardo DiCaprio dans le rôle-titre était un gage de qualité et le sujet fortement intéressant, personne ne s'étant alors vraiment penché de près sur l'énigmatique personnage. Pourtant, on ressort du film comme sur sa faim, encore plus intrigué voire frustré de ne pas avoir obtenu satisfaction. Non pas que ce biopic soit raté ou même ennuyeux, il est tout simplement légèrement creux et sans réelle saveur.
La reconstitution de l'Amérique des années 20 à 70 est plutôt réussie, l'interprétation est magistrale (en particulier DiCaprio, de plus en plus bluffant) et le style non-linéaire adopté par Eastwood, entremêlant narration au présent par un Hoover de 77 ans et flashbacks de son parcours, finalement peu contraignant et même original. Et pourtant... Aucune scène en particulier ne viendra se graver dans notre mémoire et aucune interprétation autre que celle de DiCaprio ne nous soulèvera le cœur (à l'exception peut-être d'Armie Hammer, a contrario d'une Naomi Watts transparente). Et si les maquillages de vieillissement fonctionnent sur notre principal héros, on ne peut pas en dire autant sur les autres, quelque peu grossiers pour ne pas dire ridicules.
Quant à l'histoire de cet homme droit et intègre mais aussi apparemment homosexuel refoulé et mégalomane exagérateur, elle reste finalement dans les clous, s'enchaînant scénette après scénette sans vraiment nous toucher. Eastwood ne réussit donc pas à retrouver son talent d'autrefois, plaçant une fois de plus la barre un peu trop haut. Appuyant sur le mélo poussif en fin de métrage tout en s'octroyant certaines libertés (ou du moins des faits fondés non prouvés) pour étayer son attaque anti-gouvernementale américaine, le réalisateur en oublie de proposer un film épique et mémorable, chose qu'il avait l'habitude de faire il y a de ça quinze ans...