Tout le monde est d'accord pour dire que Clint Eastwood est un grand réalisateur. Si on n'a pas oublié Josey Wales Hors la Loi, Pale Rider ou encore Le Maître de Guerre, c'est bien Impitoyable qui lui a donné ses lettres de gloire.
Depuis, le héros du Bon la Brute et le Truand a touché à différents genres (le policier, la comédie spatiale, la reconstitution historique) n'a pas vraiment déçu. Du moins jusqu'à Au-Delà. Mal écrit, mal foutu, avec un casting à l'ouest, cette tentative d'incursion dans le domaine du fantastique était ratée. On s'est alors inquiété : était--ce juste un faux pas ?
Avec J. Edgar, on peut enfin respirer de soulagement. Clint est de retour.
Et pour signer ce retour, il s'attaque à un symbole américain. J. Edgar Hoover a été le patron du FBI pendant 48 ans, jusqu'à sa mort, et sous huit présidents différents ! Il est considéré comme en étant le fondateur (puisqu'avant 1935, ça s'appelle le BOI). Hoover y créa une police scientifique et une unité -controversée- chargée du renseignement. Si l'homme était particulier, comme le montre le film, son travail pour les Etats Unis a été colossal.
Mais c'est bien de l'homme que Clint Eastwood et Dustin Lance Black (scénariste de Harvey Milk) ont choisi de parler. J.Edgar ne montre que globalement les "exploits" du policier, se concentrant sur une affaire de disparition en particulier alors que Hoover et ses équipes ont épinglé de nombreux bandits. Il s'attarde d'avantage sur ses méthodes, son tempérament et ses relations avec les gens, n'hésitant pas à évoquer le fait qu'il était sans doute homosexuel (et adepte du travestissement) à une époque où les mœurs étaient encore moins open qu'en 2012.
Pour incarner ce personnage haut en couleurs, Eastwood a fait le meilleur choix possible en confiant Hoover au meilleur acteur possible pour le rôle. Leonardo di Caprio brûle la pellicule et mérite d'être largement nominé comme le meilleur acteur de l'année, enterrant au passage les Ryan Gosling et Michael Fassbender. Il est secondé de manière très correcte par Arnie Hammer et Naomi Watts mais c'est vraiment lui qui porte le film.
Il est aidé par une reconstitution soignée, une réalisation sobre et efficace et un bon montage, alternant de manière intelligente passé et présent. Mais c'est surtout à Tom Stern qu'il faut rendre hommage dans la photographie y est absolument sublime. L'éclairage et le choix des couleurs donnent un cachet ancien, parfois presque noir et blanc, et permettent de rendre crédible le maquillage dont di Caprio est affublé pour jouer Hoover âgé (c'est moins le cas de Hammer, parfois ridicule).
On pourra reprocher au film de trop s'attarder sur l'homme plutôt que sur ses exploits et de tirer un peu sur la corde dans sa dernière partie à rallonge. Mais après un film qu'on va vite tâcher d'oublier, Clint Eastwood revient en très grande forme avec une histoire passionnante. Un régal.