Dramaturge et cinéaste, Xavier Durringer est désormais connu pour son film biographique sur Nicolas Sarkozy, "La conquête" (2011). Son film "Chok Dee" (2005), se déroulant dans le milieu du Muay Thaï, a connu un certain succès également. Auparavant, on lui doit, notamment, "Les Oreilles sur le Dos" (2002), avec Béatrice Dalle, sur un coup d'état manqué dans un pays d'Amérique Latine, et "Petits Riens", court-métrage contre le racisme au quotidien, faisant partie de la compilation sur le même thème intitulée "Pas d'histoires!" (2001). Avec "J'irai au paradis car l'enfer est ici", Durringer nous livre une peinture extrêmement sombre de la pègre française.
Suite à un braquage raté, François reçoit la protection de son père, dans la pègre lui aussi. Ce dernier demande à Rufin, tueur à gages, d'assurer la protection de François. Mais des dissensions au sein de la bande du père de François ne tardent pas à se faire sentir...
Le cinéaste fait ici preuve d'un réalisme noir qui fait froid dans le dos. Une grande violence parcourt tout le film, mais celle-ci n'est jamais gratuite et nous ne sombrons à aucun moment non plus dans le voyeurisme. Le personnage de François est confronté aux démons du grand banditisme (meurtres, trahisons, lynchage...) mais également à ses propres démons intérieurs (sa rencontre avec un chanteuse dont il tombe amoureux le remet inévitablement en question). Au final, Xavier Durringer ne nous filme pas une énième descente aux enfers (thème récurrent dans les polars et les films de mafia), mais bien une descente au purgatoire. En effet, cette fiction nous montre avec beaucoup de justesse toute la difficulté d'échapper à un lourd héritage, incarné ici par le père du protagoniste. Un petit chef-d'oeuvre méconnu qui mériterait une plus grande attention.

(cette critique est parue de le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en mai 2012)
JJC
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le 9 juin 2012

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