Ne résistez pas à la tentation d'aller voir "Jack et la mécanique du cœur".

Après le livre « La mécanique du cœur » écrit pas Mathias Malzieu en 2007 et l'album éponyme qu'il a composé avec son groupe Dionysos, l'auteur nous livre maintenant son univers sur grand écran.
Ce film d'animation musical est co-réalisé avec Stéphane Berla qui avait déjà travaillé sur 3 clips du groupe ( « Neige », « Tais-toi mon coeur » et « Cloudman »).
Au générique, on peut lire un remerciement particulier pour Michel Deniso. Effectivement c'est sur le plateau du Grand Journal de Canal + que tout a commencé. Mathias Malzieu rencontre alors Luc Besson, qui achètera les droits d'adaptation du livre. Toute l'équipe mettra 5 ans pour donner vie à ce joli projet.

La fantaisie littéraire de l'auteur a fait place à une fantaisie graphique et esthétique. Une grande liberté dans la forme et l'utilisation du médium cinéma d'animation permettent de retranscrire les inventions langagières, les images et figures de style issues du roman originel.

On peut noter une ressemblance frappante entre Jack et son auteur, né 100 ans après lui. Coïncidence, je ne pense pas. Les voix des personnages sont celles des personnes présentes sur l'album sorti en 2008. Mathias Malzieu est Jack. Olivia Ruiz qui a inspiré le personnage de Miss Acacia, lui prête logiquement sa voix. Grand Corps Malade est quant à lui le seul à avoir écrit ses propres textes pour le personnage de Joe. J'ai un petit faible particulier pour la voix de Jean Rochefort qui interprète le personnage de Georges Méliès.

La construction physique des personnages est basée sur des dessins en 2D de l'illustratrice Nicoletta Ceccoli. Ces êtres aux allures de poupées de porcelaine ont ensuite été animé en 3D. L'imaginaire est au cœur de cette histoire, qui a pour influences « Le petit prince » et « Pinocchio » par exemple. On pense également aux personnages de « Freaks » de Tod Browning, dont les créatures de l'extraordinarium andalou sont de lointains cousins.

« Jack et la mécanique du cœur » est un très joli conte pittoresque, aussi bien au niveau esthétique que narratif.
Jack est un héros romantique, au sens premier du terme. C'est-à-dire qu'il laisse libre court à son imagination et à sa sensibilité. Le film tout entier est empreint de cette esthétique romantique en traduisant le désir d'évasion et de rêve.
Ce film onirique, où les thèmes de l'amour et de la différence tiennent une grande place, pose un regard émerveillé de l'enfance sur le monde. Entre magie et mélancolie, on s'évade dans un univers où l'intimité tient une grande place. Dans ce bric à brac d'inventions, les sentiments sont donnés à voir et à éprouver.

Quant apparaît le mot fin, on voudrait pouvoir remonter l'horloge de notre cœur d'1h30 pour revenir au début et laisser Jack nous raconter son histoire de nouveau.