On a beau moquer Tom Cruise pour sa petite taille, pour son sourire Colgate ultra-bright, pour son ego surdimensionné et pour ses gentils dérapages médiatiques, il faut lui reconnaître un talent certain pour la comédie (du moins quand il est dirigé) et surtout, une implication de chaque instant, le bonhomme n'hésitant pas une seconde à mouiller la chemise et à repousser sans cesse ses limites malgré une cinquantaine entamée.
Bien que n'ayant physiquement rien à voir avec le héros imaginé par l'écrivain Lee Child (Jack Reacher est immense et blond alors que Tom est petit et brun), l'ami Cruise fait une fois de plus des merveilles dans le rôle de cet ex-militaire mystérieux et froid, tout en émotion contenue et physique sec et affuté. Le comédien s'avère crédible de bout en bout et, sans tenir là son meilleur rôle, impose au film une sacrée présence.
Quant au film, il a à la fois le mérite et le défaut d'être fidèle à l'univers de Child, proposant une intrigue carrée et agréable à suivre, basée avant tout sur l'investigation mais aussi extrêmement classique et avare en action, le métrage ne surprenant jamais le spectateur qui aura sûrement un peu de mal à ne pas trouver le temps long au bout de plus de deux heures de film.
Heureusement, la présence de Christopher McQuarrie à la réalisation rattrape ces quelques défauts, le scénariste de "Usual suspects" qui avait déjà tâté de la mise en scène avec l'excellent "Way of the gun" faisant ici un travail remarquable, apportant au film une âpreté bienvenue et un style old school qui fait plaisir à voir, notamment lors des rares séquences d'action, foutrement efficaces, en particulier quand McQuarrie fait cramer l'asphalte, donnant lieu à une des meilleures poursuites de ces dernières années.
Polar sans surprise et bien trop long, "Jack Reacher" constitue cependant un agréable divertissement du samedi soir, carré et efficace, sec et old school, grâce à la présence d'un solide artisan derrière la caméra et à la crédibilité de sa star.