J'aimerais qu'on arrête de me seriner avec le fait que Tom Cruise est un acteur rincé qui ne fait toujours que du Tom Cruise à l'écran. J'ai jamais bien pigé cet acharnement incessant sur sa personne depuis que ma capacité à effectuer un échange critique avancé sur mes visionnages a trouvé son envol, excepté ses convictions personnelles peut être dont on a franchement rien à branler quand on le voit piloter un F-14 Tomcat ou dézinguer un Tripode à la grenade... Et je me sens toujours un peu seul à trouver qu'il ne gâche pas un film... et bref. Passons.
Ici Tom reprend son look "Guerre des Mondes", veste en cuir et jean, et EN PLUS, il s'appelle Jack (les Jack portant veste en cuir et jean, c'est souvent gageure d'un certain charisme à la base, si si), mais surtout, l'âge lui taille une vraie "gueule", qui offre à son sourire sadique une nouvelle ampleur, et pour ce Jack là, les sourires sadiques et cyniques ont toute leur importance.
J'ai aimé ce film parce qu'il renoue avec un genre de polar à l'ancienne relativement sombre et sobre, troquant une action non-stop haletante pourtant tellement en vogue ces temps ci pour une atmosphère lancinante happante, loin de tout excès.
J'ai aimé l'ambiance générale imbibée d'un climat anxiogène permanent, alimenté par une présence sonore comme on en fait plus, discrète, parfois presque imperceptible mais ô combien importante dans sa continuité.
J'ai aimé cette morve graisseuse stagnante mais prenante qui suinte du film et d'où jaillissent quelques bulles explosives plus ou moins attendues mais toujours bienvenues.
J'ai hésité à aimer voir Jack conduire une Mustang comme un bourrin sous un gros couvert de "BRRROOOOUUUUU brrrrrronnnnnn brrrROOUUUUUURroooonnnhhh" (le genre de bruit que t'essaies de refaire quand tu joues aux petites voitures avec un gosse, même quand t'as une 4L dans les mains), et puis je m'suis dit que de toutes façons, Steve McQueen n'était plus là et qu'il fallait désormais fouiner ailleurs pour voir de la vraie course poursuite, alors du coup j'ai savouré sans hésiter. Mais vraiment.
J'ai aimé Tom dans son rôle d'ombre insaisissable et menaçante venant accomplir d'anciennes promesses et rétablir son inexorable justice, mais j'ai pas vraiment aimé la potiche à forte poitrine de service, qui, si elle joue plutôt pas mal, se retrouve vite malmenée, électrifiée violemment, giflée sauvagement, ligotée avec force et reste au final bien propre sur elle et fort présentable en toutes circonstances, comme une potiche à forte poitrine de service.
J'ai aimé la grande pudeur du film par contre.
J'ai pas aimé le "badguy" sans charisme, jeune soldat aux faux airs d'un méchant pirate informatique slovaque d'un Die Hard 14.
Par contre j'ai aimé la bagarre à la sortie du bar, simple et sans fioritures d'effets pompeux, Tom tabassant de jeunes roublards en bon bourrin à l'ancienne. Sans excès. Bref et punchy.
J'ai adoré retrouver Robert Duval dans un vrai second rôle à sa mesure avec son sourire en coin de vieux connard sarcastique si attachant.
Et j'ai vraiment aimé ce film qui arrive à surprendre en ne tombant jamais dans l'habitude d'un produit d'action actuel qu'il n'est au final absolument pas, à la fois lancinant comme une éraflure qu'on ne peut s'empêcher de gratter, et soudainement direct comme un coup de poing dans l'estomac.
(et juste : BRROONNNMMbb bbrrr bbbrrrbBRROUUUUUmmBBBRRrrrrr bbrrRRRROO brrh.. brrh.. brrrhhBBRROUUUUUrrbbbrrrouuurrrrmmm... parce que j'le fais trop bien, surtout avec une 4L Majorette dans les mains)