Après l'icône pop Obama, place à sa version boursouflée, excessive et vulgaire Donald Trump. Mais d'où vient cette fascination pour ce pays du médiatique et du show, qui irradie le monde, jusqu'à chambouler la politique de certains autres pays (Nicolas Sarkozy) ?
Jackie nous propose un retour à l'origine de la politique spectacle avec la création d'une légende médiatique, celle du président John F. Kennedy, assassiné et entré dans la postérité à tout jamais le 22 novembre 1963. Pablo Larrain nous propose un film dense et complexe qui ne s'arrête probablement pas à ce que j'en retire personnellement. A travers le deuil Jackie Kennedy s'aperçoit qu'un homme, aussi puissant soit-il de son vivant, peut disparaître de l'Histoire et qu'elle peut sombrer avec lui.
A travers un montage audacieux, le film nous montre comment elle va faire pour s'extirper de cette fatalité et donner un sens à un homme qui n'aura pas eu le temps d'accomplir tant de choses que ça (la Guerre Froide n'est pas gagnée, contrairement à la Guerre de Sécession de Lincoln, la batailles des droits civiques continue encore contrairement à Lincoln ayant signé l'abolition de l'esclavage) et lui fabriquant une légende de toute pièce. Le film reste ambigu jusqu'au bout sur certaines questions (les motivations concrètes de Jackie par exemple).
La mise en scène et la photographie convoquent la passé de manière éclatante et perturbante où archive et réel se mélangent étrangement, sans qu'on puisse dire ce qui relève de l'un ou l'autre. Pour finir, il faut aussi saluer l'interprétation royale de Natalie Portman qui est d'une gravité stupéfiante et pesante.
Avant d'avoir vu la bande-annonce, je m'attendais à un biopic suranné et proche de l'hagiographie mais c'est tout le contraire qui nous est proposé. Un chef d'oeuvre intelligent, subtil et complexe à voir absolument sur grand écran.