Dans le livret de l'album "In Utero" de Nirvana,on y trouve parmi les remerciements le nom de Quentin Tarantino. On sait également que le réalisateur a pensé à Kurt Cobain et Courtney Love pour jouer dans la scène d'introduction de Pulp Fiction. Chacun d'entre eux ont marqués de leur empreinte les années 90. Et si Pulp Fiction est le "Nevermind" de Tarantino (même impact ,recyclage et réappropriation de l'histoire de leur art), alors Jackie Brown serait son "Unplugged".
Adapté du polar d'Elmore Leonard "Rum Punch", Jackie Brown raconte l'histoire d'une hôtesse de l'air (Pam Grier) qui sert de passeur à un trafiquant d'armes,Ordell Robbie (interprété par Samuel L.Jackson). Sauf qu'elle se fait choper par un agent de l'ATF (Michael Keaton) qui la persuade de l'aider à coincer Ordell. Elle décide alors d'élaborer un plan qui lui permettra d'empocher le pactole au nez et à la barbe de tous les protagonistes.
J'étais pas mal déçu au premier visionnage du film, ne retrouvant pas le Tarantino que j'avais aimé. Et en fait en le revoyant quelques années plus tard,je l'ai réévalué. Je n'avais peut être pas la maturité nécessaire à l'époque pour me rendre compte de la profondeur du film, de cette mélancolie si présente dans la relation entre Jackie Brown et Max Cherry (le revenant Robert Foster). Tarantino montre deux personnages usés, se serrant les coudes, donnant lieu à de très belles scènes (quand il vient boire le café chez elle et qu'ils écoutent la chanson des Delfonics).
Leurs sujets de conversation, leur calme contrastent avec le comportement d'Ordell et de sa bande, passant leur temps à glander devant la tv, à regarder des filles qui jouent avec des armes, à parler de choses futiles...
Un casting une nouvelle fois très réussie ,avec la résurrection de Pam Grier (Tarantino la sublime à chaque plan, dès l'ouverture avec ce travelling magnifique). Samuel L Jackson éructe les dialogues du réalisateur comme personne, et De Niro est une bonne surprise dans un rôle à contre emploi (mutique et maladroit).
Le "Unplugged" de Nirvana révéla le talent incroyable de songwriting de Kurt Cobain, la puissance émotionnelle de ses chansons qui n'étaient pas que du bruit comme beaucoup l'ont pensé lors de la sortie de "Nevermind". Avec Jackie Brown,Tarantino a reçu la même reconnaissance.