A l'opposée de ses précédents films traités d'une façon épileptique, la mise en scène de Tarantino prend son temps et a tendance à ralentir au risque d'ennuyer ; en effet, après Pulp fiction, tout le monde pensait que le prodige de Hollywood allait surenchérir dans la violence et les images choc qui laissent K-O, mais il prend la direction inverse. En s'appuyant sur un roman noir d'Elmore Leonard, on sent qu'il veut livrer un film d'une plus grande maturité, tout en rendant hommage à la blaxploitation à travers Pam Grier qui reste l'égérie de ce courant cinématographique des seventies, on croit même qu'il va explorer d'autres pistes, mais il n'en est rien, Tarantino se contente de faire traverser sa sublime interprète au milieu d'une intrigue où flics et truands se côtoient, plus ou moins déjantés et violents, avec des dialogues toujours aussi volubiles et des acteurs au top, même si certains sont légèrement sous-employés (De Niro fait un peu acte de présence et ne fait pas grand chose ici). Bref, on est bien dans un Tarantino, avec son rythme propre, ses règles narratives, sa grammaire cinématographique, et sa manière de jouer avec l'espace et le temps, mais pour ma part, c'est son film le moins réussi, qui ne décolle pas tout à fait et qui suscite une légère lassitude, tout en gardant une étrange et inexplicable séduction.