Tarantino aurait donc changé ? Délaissant le fétichisme et la citation frénétique (au risque de la superficialité), il nous livre avec "Jackie Brown" un beau film, étonnant de lenteur et de compassion pour ses personnages, tous justes et humains, et dépassant leur statut de silhouette tarantiniennes. Les vraies vedettes du film ne sont d'ailleurs pas les stars hollywoodiennes, mais deux acteurs moins voyants : Pam Grier - pourtant récupérée des vestiges de la Blackexploitation - et Robert Forster, qui incarnent tous deux des rôles à la complexité et à l'épaisseur humaine inédites chez Tarantino. Si la narration reste virtuose et relâchée, Tarantino apprend à donner du temps au temps, et infuse à son cinéma une belle ampleur. On ne joue plus, mais c'est aussi bien comme cela ! [Critique écrite en 1998]