Jackie Brown est un des longs-métrages de Quentin Tarantino dont on entend le moins parler. Pourtant ce film ne demande qu'à être vu. Troisième réalisation de Tarantino après Reservoir Dogs et Pulp Fiction, est une démonstration de mise en scène et de production.
De par ses choix esthétiques, le film, malgré une durée de 2h30, n'est presque jamais ennuyant. Après une première demi heure un peu lente, la réalisation s'avère d'une efficacité incroyable. Chaque choix esthétique est au bon endroit au bon moment: traveling, caméra à l'épaule, série de cuts rapides etc.
Les scènes filmées à l'épaule par exemple, permettent d'augmenter la tension qui repose sur la scène centrale du film: le transfert de l'argent. Elles permettent de lire les émotions par lesquelles passent les protagonistes et créent une tension grisante. Le montage, qui nous fait voir le dénouement de l'intrigue selon les points de vues respectifs des personnages, allonge la durée de cette séquence pour augmenter encore plus cette tension.
A l'inverse, des séries de cuts rapides, comme lorsque Jackie -sexy- Brown se rend à l'appartemment de Ordell Robbie, permettent de faire avancer l'intrigue selon un rythme très bien géré.
Au delà de ces effets de mise en scène, Jackie Brown est, selon moi, le long-métrage de Quentin Tarantino dans lequel les relations entre les personnages sont les plus réussies. Pourquoi ? Simplement parce la première partie du film (on excusera du coup sa relative lenteur) s'attarde à définir ces relations ambigües. Le résultat est la confusion totale du spectateur au moment de jouer au jeu des devinettes : quel est le plan de chacun, et qui va rouler l'autre dans la farine ? L'effet fonctionne d'autant plus que la quantité d'informations distillée et parfaitement dosée tout au long du film.
Enfin, comment ne pas mentionner la bande-son, qui colle parfaitement avec sa diégèse ? Une playlist Funk/Soul sur laquelle le montage se greffe afin de rythmer l'oeuvre et de la redynamiser.
Si certains semblent penser que Quentin Tarantino n'est capable que de réaliser des bains de sang et des dialogues interminables, Jackie Brown est certainement la preuve du contraire: bien ficelé et merveilleusement réalisé, ce film est la démonstration que Tarantino vaut mieux que The Hateful Eight...