Et si Cendrillon avait aspiré à devenir Grand Couillon ?
Bienvenue en république démocratique et populaire de Bubunne ! La dictature des sexes donne le pouvoir aux femmes alors que les hommes affublés d'une voilure se cantonnent aux travaux domestiques et préparent cette bouillie qui sort du robinet. Un beau jour - l'esprit conte de fée est là -, la Colonelle (Charlotte Gainsbourg) doit se marier et tous les célibataires du pays voient leur fantasme se concrétiser : devenir Grand Couillon en épousant la Colonelle. Jacky (Vincent Lacoste) va tout faire pour réaliser son rêve. Malheureusement, Jacky - version masculine de Cendrillon - maltraité par sa belle-famille voit peu à peu son rêve lui échapper...
Riad Sattouf est allé au delà des films à visée politique avec des scénarios moutonniers. Le film délivre une succession de tableaux burlesques sur la religion du chevalin sacré, la dictature des sexes, l'instrumentalisation de la foi à des fins politiques & cie. Au delà de ça, le film est drôle signant quelques scènes potaches tout en nous maintenant dans une ambiance décontractée.
Ce qui est drôle, sans pour autant nous amener à rire aux éclats, est ce jeu sur le langage. Riad Sattouf fait un mixe entre un vocabulaire féminisé et les symboles religieux du chevalin. Cette appropriation d'un nouveau langage m'a rappelé 1984 avec le novlang - à vrai dire, ce n'est pas le seul rappel au livre - :
* On joue l'absurde jusqu'au bout avec la "grande Bubunerie" : souk conjugal et marché aux spermatozoïdes (les tenues y ressemblent) ;
* On troque "Blasphème" pour "Blasphèremerie" ;
* "Culotte" devient "Culotin" et "Toilette" est "Toilettin".
Riad Sattouf a raison de parfois quitter sa planche de BD pour la réalisation.
Ce film deviendra culte : je la joue Mme Irma avec cette prédiction :)