L'Europe au coeur

Intéressant de se plonger dans la vie de Jacques Delors, l'homme qui aurait, sans doute, pu changer le cours de l'Histoire de France s'il avait décidé de se présenter en 1995. Le père de Martine Aubry en a décidé autrement pour des raisons qu'il explique ici tout en regrettant ce choix, et nul doute que nos quatre derniers Présidents n'ont pas brillé par leur grandeur ni leur mandat. Passons. Profitant que celui-ci soit toujours parmi nous, Cécile Amar est allée recueillir ses « confidences », parfois précieuses, que ce soit sur son parcours ou son regard sur la politique, notamment européenne, évidemment, les mélangeant à des images d'archives bien choisies, expliquant bien les grandes étapes de sa carrière.

Ainsi, celui qui se rêvait cinéaste, quasiment toute sa vie homme de consensus, faisant ses armes dans un gouvernement de droite, puis ministre de François Mitterrand avant, évidemment, de devenir Président... de la commission européenne, poste pour lequel il reste encore aujourd'hui LA référence absolue, que ce soit par son incarnation ou de grandes décisions avec les accords de Schengen, le traité de Maastricht ou la création d'Erasmus, pour ne citer qu'eux.

Un homme calme, posé, rassurant, devenu impopulaire (le tournant de la rigueur en 1982 (oui, parce qu'en vrai c'est 82), c'est lui) avant de retrouver les faveurs de l'opinion justement avec ce bilan européen... pour finalement s'arrêter là, presque oublié, si ce n'est, donc, pour se dire que la France est probablement passé à côté d'un bon Président (en même temps, on a l'habitude). Intéressant, instructif et assez complet (la guerre en Ukraine avait commencé lorsque l'entretien se finit), ce portrait élogieux mais sans complaisance est à découvrir.