Coquille vide
Ne mérite pas une longue critique. Il existe les navets ou séries Z, mais au moins vous pouvez vous marrer... Là, rien de rigolo ! Laurent Boutonnat sait filmer et a une vision artistique de son film...
le 21 oct. 2013
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Le film est l'adaptation du célèbre roman d'Eugène Le Roy publié en 1899. Ce roman avait été adapté dans un feuilleton à la télé (ORTF) qui a connu un grand succès public vers 1969 mais que je n'avais pas pu voir ! Je m'étais alors rabattu sur le roman que j'avais, à l'époque, évidemment, dévoré.
On connait l'histoire de Jacquou devenu orphelin suite aux manigances du nobliau local, le comte de Nansac, qui, profitant de la Restauration, avait une (sérieuse) revanche à prendre sur les croquantes et les croquants (Brassens). Le roman relate la haine de Jacquou vis-à-vis du Comte et sa révolte contre certaines injustices.
L'adaptation de Laurent Boutonnat (cinéaste que je ne connais pas du tout) est grosso modo fidèle au déroulement du roman avec quelques simplifications assez significatives dans la mesure où elles affadissent l'histoire. Pour ne donner que deux exemples, les relations de Jacquou avec la Galiote (une des filles du Comte) sont un peu plus complexes dans le roman et le destin de Lina (l'amoureuse de Jacquou) est nettement plus dramatique dans le roman.
La mise en scène ne serait pas si mal si elle n'était pas aussi misérabiliste. Il y pleut les neuf dixièmes du temps dans ce magnifique département de la Corrèze, presque pire qu'en Normandie, c'est dire. Je comprends l'idée du cinéaste, c'est pour mieux montrer la boue et les maisons aux toitures pas étanches. Allez, j'ai bien compris, les pauvres étaient à l'époque vraiment très pauvres et très très malheureux ! D'autant qu'à de très rares scènes tournées à Sarlat et au bord de la Dordogne, la majorité du film est tournée en Roumanie … Encore du mauvais esprit, Jean ?
Les scènes tournées à Sarlat (la fête villageoise) ainsi que les vues du château surplombant la Dordogne sont très réussies même si elles tiennent un petit peu du cliché. J'aurais bien vu quelques paroles en patois pour accompagner la bourrée, tiens.
Par contre, étrangement, la scène dans le cul-de-basse-fosse du château est beaucoup plus développée (et plutôt réussie) dans le film, avec une part de suspense, que dans le roman où la scène est plus courte mais plus glauque.
Ah, oui, au niveau de la mise en scène, j'ai cru relever quelques anachronismes. Par exemple, lorsque la foule scande le nom du héros "Ja-cquou - Ja-cquou" à la façon d'une manif ordinaire en 2007 (date du film) devant une préfecture (des-sous-des-sous) …
Du côté de la distribution, je ne connais pratiquement pas les acteurs. Gaspard Ulliel m'a paru un peu lisse pour le rôle où j'aurais vu plutôt quelqu'un de plus rugueux, plus écorché vif. Il n'y a que dans son duel avec le Comte que je l'ai trouvé à la bonne hauteur.
Tcheky Karyo (lui, je connais !) dans le rôle du Chevalier fait bien le job du personnage humaniste ..
Jocelyn Quivrin, dans le rôle du méchant, est excellent et très bien trouvé.
Albert Dupontel (lui aussi, je connais) ne fait qu'une courte apparition dans le rôle du père de Jacquou.
Et je terminerai par la BO qui ne m'a pas spécialement choqué ni emballé mais qui se termine au générique par une chanson de Mylène Farmer qui tombe comme un cheveu sur la soupe. En me renseignant sur Boutonnat, j'ai compris à voir le nombre important de clips qu'il a réalisé pour la chanteuse. Comme c'est lui qui a fait la BO du film, il fallait bien qu'il case sa chanteuse préférée quelque part. J'ai vérifié, elle n'y a aucun rôle (apparent).
Au final, c'est un film qui se regarde bien car le rythme y est assez soutenu et le jeu des acteurs bien dans le ton. Je pense que le film aurait gagné à être un peu plus mordant, un peu moins consensuel en développant, par exemple, certains personnages comme le jésuite qu'on ne voit guère ou le Comte dans ses relations avec ses métayers.
Il me reste juste à trouver cette série de 1969 …
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Créée
le 21 oct. 2024
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le 21 oct. 2013
9 j'aime
1
+1 pour le plan de Gaspard Ulliel qui caresse tendrement une brebis, qui m'a fait rigoler.
Par
le 17 avr. 2012
8 j'aime
Le film est l'adaptation du célèbre roman d'Eugène Le Roy publié en 1899. Ce roman avait été adapté dans un feuilleton à la télé (ORTF) qui a connu un grand succès public vers 1969 mais que je...
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