Lorsqu’un film est produit et réalisé sans la moindre recherche d’émotion esthétique pour raconter son histoire via son médium, il ne reste au spectateur que le script stricto sensu qui lui est montré.
Et le script de ce film, adaptant le scénario d’un livre sorti en 2016, est déprimant au plus haut point.
N’ayant pas lu le livre, je ne sais pas quel est le niveau de conformité ou d’ajout par rapport au matériel d’origine. Ma critique porte donc uniquement sur l'œuvre filmique qui en découle.
"Violence conjugale". Durant deux heures, voilà l’idée que le film saupoudre par-dessus le soap romance qui nous est montré.
Le résultat ? Artificiel et lisse.
Pas la peine de tergiverser, voici quelques exemples :
Incapacité à faire comprendre par la mise en scène la toxicité de Ryle ? Pas de souci, l’entrée du personnage dans le film se fait par une scène où il frappe une chaise.
La première fois entre le personnage principal et son amour de jeunesse ? Un montage haché sur une musique connue d’il y a quelques années... On ne sait jamais, peut-être le clip sera t-il repris sur TikTok ?
Le déni d’être victime ? On tente de le cacher au spectateur pour qu’il ressente la situation comme le personnage principal... Mais pourquoi ne pas en faire un twist pour le scénario ? Du génie, n’est-ce pas ?
Les souvenirs concernant la violence du père ? Trop technique. On expédie ces scènes, mais on en montre de petits fragments pour expliquer la situation... Ces scènes sont-elles montrées ainsi parce que Lily ne voulait pas les regarder ? Aucune idée, la mise en scène ne donne aucune indication.
La résolution du conflit via la naissance d’un enfant ? À ce moment du film, le cynisme du projet m’a gagné. Si la scène à la maternité permet de faire comprendre rapidement au père la séparation, je ne peux m’empêcher de voir que le film utilise l'arrivée d’un enfant uniquement pour un monologue, tant il n’aura aucune autre implication.
Au final, on retrouve dans ces exemples les symptômes d’un film réalisé sans cœur et sans talent.
Mais ce qui me déplaît le plus, et me pousse à écrire ces quelques lignes, c’est le sentiment d’être face à un produit purement mercantile qui surfe sur la vague d’un sujet de libération de la parole dans l’air du temps, tout en retirant la sensibilité du sujet pour en faire une histoire romancée et atténuée, capable d'attirer les foules.
Le pire ? Ça a marché.