L'absence de confiance dans sa mise en scène. C'est personnellement le point que je retiens de ce Joker - Folie à deux.


Suite au visionnage du film, je vois le projet uniquement comme étant Todd Phillips, non confiant d'avoir pu véhiculer toutes les idées qu'il voulait développer dans le premier volet aux yeux et aux oreilles des spectateurs, qui va alors vouloir procéder d'une autre façon pour s'assurer d'atteindre son objectif.


Fini la mise en scène grandement inspirée d'un Scorsese, bienvenue dans un film de procès avec des explications verbales face à la camera.


  • Après l'apothéose

Bien qu'interné dans un asile, le premier film se terminait comme une sorte d'apothéose pour le Joker qui semblait boucler son scénario.


Après réflexion, l'idée de vouloir en faire une suite m'a fait penser dans une certaine mesure à la même démarche intellectuelle que le final du film le "Lauréat".

Que se passe t-il quand la caméra au lieu de s’arrêter au grand accomplissement cathartique continue de tourner ? Que fait le personnage après avoir tout foutu en l'air dans la plus grande euphorie ? La réponse du film : Il subit les conséquences de ses actes.

  • Déchéance d'un homme ou harcèlement d'un réalisateur ?

À l'instar d'Alan Moore avec le personnage de Rorschach (Watchmen), j'ai l'impression que Todd Phillips non content d'avoir malgré lui "créé" un personnage avec tellement de style qu'il fait oublier à certains les actes derrières le masque, a décidé de saisir la chance de pouvoir réaliser un deuxième film sur le personnage pour rectifier le tir.


La où le premier film se permettait d'offrir à son personnage des scènes l'iconisant, le deuxième ne va plus prendre le risque. L’entièreté du film va servir à le rabaisser.


Le film va alors servir de réquisitoire contre le Joker ou plutôt l'image dégagée par le Joker dans le premier volet.


Vecteur de ce changement d'orientation, dans le premier film, l'acharnement subit par le personnage d'Arthur faisait ressentir de la compassion de telle sorte que le spectateur se retrouve en empathie avec le personnage. Dans le second, le curseur du ressenti pour des scènes équivalentes basculera plus du côté de la pitié et de la moquerie.


Le procédé devenant rapidement redondant et finalement passé un certain temps peu intéressant.


  • La séparation entre l'idéologie et l'homme

Un des problème à ce stade reste que les spectateurs visés par la démarche ont, je pense, plus était marqué par l'image du Joker que par l'homme qui le véhicule.


Conscient de ce point, le film va plusieurs fois frontalement mentionner que le public s'intéresse uniquement au Joker et non à Arthur Fleck.

Pourtant malgré cette prise de conscience, le film va prendre le parti de se focaliser sur attaquer et montrer misérable uniquement l'homme qui finira par renoncer à son rôle (?) et réciter des aveux face camera.

  • Harley Quinn

Abstraction faite du développement global du personnage, je trouve personnellement que la meilleure idée du film reste le pied de nez au lien idéologique qu'entretient Arthur avec le personnage de Lee Quinzel. Là où dans le premier film, l'image du joker a été associée à la matérialisation d'un point de bascule de la détresse d'une population laissée pour compte, dans le deuxième via le personnage de Lee il deviendra un exutoire et un pantin d'une personne de famille aisée " ayant vu le premier film" et qu'on devinera voulant tromper l'ennui par le fantasme d'accompagner une figure "anarchique". Le personnage du Joker devient alors un produit qui peut se détourner, se décliner et s’approprier.

  • Représentation musicale

J'aimerai juste ajouter un point concernant les parties chantées qui sur le papier offrait beaucoup de potentiel. Après réflexion, un jour après avoir visionné le film, une seule scène musicale m'apparait comme s'imbriquant correctement et apportant une vraie plus-value à la manière de raconter l'histoire. Il s'agit du moment durant le procès, où Arthur/Joker ne veut plus écouter le témoignage qui est entrain de se dérouler, le personnage se repli sur lui même, la salle obscurcit, lumière sur le clown il ne reste que lui, petit meurtre mental sur le juge, retour à la réalité parce qu'on doit finir par l'affronter.

Le jury a débattu. Au procès d'intention pour le meurtre d'Arthur Fleck, le Film Joker Folie à deux est jugé coupable.


Augu
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