Que dire ?
D'abord une question... Combien de temps a duré ce pénible moment ? Ressenti ici trois ou quatre heures. Probablement moins en réalité.
Revenons à l'objet du crime, car si crime il y a, ce n'est pas le personnage éponyme qui en est coupable, mais bien le scénario qui est une atteinte à tout ce qui fait le cinéma, mais aussi l'adversaire iconique de Batman.
L'idée de départ n'est pas si pire : faire une comédie musicale avec le personnage du Joker et sa comparse de choc, Harley Quinn. Il y avait moulte chose à écrire de situations se prêtant à des interprétations toutes plus folles les unes que les autres.
Parce que c'était ça que nous annonçait le sous-titre "folie à deux". Hélas... La folie n'est pas au rendez-vous. D'une part parce que la comédie musicale se concentre uniquement sur la romance des personnages, une romance qui tourne très vite en rond, d'autre part parce que l'histoire se cantonne à un récit de prison/tribunal, sans grande imagination, dans lequel tout l'intrigue consiste à savoir si l'anti-héros est un fou ou pas, si le joker, double maléfique, existe ou non... Mais ce questionnement psychanalytique ne va pas bien loin et, très vite, le spectateur n'en est plus à s'interroger là-dessus parce que... Parce que trois chansons d'amour sont passées là-dessus.
Des chansons répétitives, plus ou moins collées sur le récit, qui n'invente pas grand chose. Le joker n'est pas là. On voit juste le pauvre type du premier opus, mais en prison. Pas de folie des grandeurs, pas de folie tout court.
On passera rapidement sur les invraisemblances du scénarios : le joker qui a le droit d'assumer sa propre défense maquillé, une quasi évasion navrante de facilité avec un incendie bricolée qui ouvre toutes les portes aux amoureux... Une retrouvaille des tourtereaux dans la cellule du mitard qui semble n'être gardé que par un seul gardien arrangeant qui permet aux deux tourtereaux de forniquer en toute tranquilité... des séances de chant choral où on admet des tueurs, ... Visiblement la prison d'Arkham est un moulin où on rentre comme on en sort, une fleur à la boutonnière.
Mais le joker lui, n'en sortira que pour aller à son procès, où l'on va périr d'ennui, car ce dernier se contentera de reprendre les crimes du premier opus. C'est bien simple, au cours de ce second film, le joker ne commettra aucun acte répréhensible... Il se fera casser la gueule, marcher dessus, insulté, manipuler... Mais, heureusement, il va chanter l'amour encore et encore. Et on aura le droit à des décors de music hall pour egayer un peu le binôme prison-tribunal.
Non mais quelle purge.
Que dire de positif ? Je sais pas. Les acteurs ? Joachim Phoenix est un excellent comédien. Il incarne donc très bien ce joker-loser sans charisme. Lady Gaga est surtout là pour la voix... Indéniablement elle sait faire le show. Les matons ont l'air méchant... mais pas trop... mais en fait si.
Sans doute certains seront sensibles aux chansons. J'ai cru crever à chaque fois que l'une d'elle commençait. Tout au plus la reprise de "Ne me quitte pas" m'a t'elle arraché un micro-soulagement. J'ai clairement perdu deux heures (ou trois je sais plus) de ma vie.