Après avoir lu le récit de Betty Mahmoody, voici la chronique de ce film qui en est une "fidèle" adaptation dans la mesure où les évènements essentiels ou les points clés du récit sont parfaitement retranscrits.
Bien entendu, le livre qui est d'une grande densité et raconte par le menu toute son aventure a été élagué ; de nombreuses scènes ne s'y trouvent pas ; en effet le film donne l'impression que la première tentative d'évasion fut la bonne alors que le livre présente plusieurs tentatives avortées rendant l'angoisse encore plus palpable car on a longtemps l'impression que l'évasion est une opération impossible car très dangereuse devant les risques énormes où nombreuses furent les femmes à avoir été tuées pendant le voyage ou "au mieux", revendues à l'Iran … Ceci est à rapprocher de ce qu'on sait aujourd'hui sur les voyages dramatiques de certains migrants.
Mais, malgré cela, le suspense du film reste entier et impressionnant.
Le film a été tourné à Ankara en Turquie et dans les montagnes kurdes frontalières avec l'Iran. Les paysages sont impressionnants et rendent les nombreux transferts de voiture à voiture puis à cheval pour finir par se retrouver en Turquie parfaitement angoissants sachant que les scènes sont quasiment sans dialogues à cause de la barrière de la langue et que Betty et sa fille devaient le plus possible dissimuler qu'elles étaient américaines.
Le film ne tombe pas dans l'ornière habituelle du film américain où on ne peut pas s'empêcher de voir la gloire et l'indispensable puissance des américains. J'y vois deux raisons. Premièrement le réalisateur est britannique et peut-être moins soumis aux exigences hollywoodiennes. Deuxièmement, les USA ont été complètement impuissants dans cette affaire voire même contre-productifs. En effet, il n'y a pas d'ambassade US en Iran, seule une représentation réduite à pas grand chose dans l'ambassade suisse. Les seules interventions du Département d'Etat se sont révélées catastrophiques puisqu'ayant mis la puce à l'oreille du mari. Non, tout a pu être fait grâce à ce tissu de relations que Betty a patiemment élaboré à partir de ce qu'on pourrait appeler des iraniens opposés – dans leur âme – au régime issu de la Révolution Islamique et malheureux de voir ce mal s'étendre à l'ensemble de la société. L'iranien qui va organiser l'évasion disait en substance que "la Perse était un pays où il faisait normalement si bon vivre, avant". D'ailleurs le mot "paradis" serait d'origine perse…
Comme le livre, le film ne généralise rien et ne se pose pas dans une posture anti-iranienne ; en particulier, le film ne stigmatise que l'attitude du mari et de la famille, englués dans cette Révolution Islamique et cette volonté de revenir à des pratiques religieuses anciennes et sévères qui abaissent le rôle de la femme même si les matrones locales affirment que le port du voile est de leur propre volonté. Une phrase donne le ton lorsque Betty se fait insulter par un ayatollesque cousin car à la maison, elle laissait parfois passer une mèche de cheveux hors de son voile : "Un seul cheveu découvert et c'est comme un poignard dans le cœur de nos martyrs"
Le livre conserve son utilité car le film comporte plusieurs scènes un peu sibyllines qui sont complètement développées dans le récit.
Extraordinaire prestation très convaincante de Sally Field dans le rôle de Betty.
Film impressionnant qui éclaire le récit de Betty Mahmoody.